Avoir 16 ans en école d’ingé ou de commerce et creuser son trou, sans WEI ni BDE

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Tous les ans à la même époque fleurit une série d’articles sur des lycéens bien particuliers : les plus jeunes bacheliers de l’année. À 14, 15 ou 16 ans, leurs années d’avance se devinent parfois à leur taille, mais aussi à leur maturité et à leur façon de s’exprimer. Surdoués, précoces, HPI… Il existe plusieurs mots pour désigner une réalité très contrastée, qui ne concerne que 2 à 5% des élèves français.

Pour réussir scolairement et rester motivés, une partie d’entre eux aura besoin de sauter une classe, ou plusieurs. Tout au long de leur scolarité, et ensuite dans l’enseignement supérieur, ces élèves particulièrement doués scolairement seront donc les plus petits et les plus jeunes de leur classe. C’est le cas de Noam, que nous avions interviewé en juin dernier. Après un bac décroché à 14 ans, il vient de faire sa rentrée en classe préparatoire PCSI dans un lycée de la banlieue sud de Paris. Âge moyen de ses camarades de classe ? 18 ans. Pas un problème pour Noam.

« J’ai eu les pires notes de ma vie »

« Au niveau social, ça se passe mieux qu’au lycée, peut-être parce que j’ai plus d’expérience, puisque ça fait des années que je suis avec des élèves qui ont 1, 2, 3 ou 4 ans de plus que moi, explique le jeune étudiant. J’ai compris que je ne dois pas cacher mon âge, et du coup ça se passe bien. » En revanche, côté cours, lui qui a toujours brillé dans sa scolarité, a dégringolé en prépa, comme la majorité de ses camarades.

Une différence peut-être, Noam rigole de ces résultats en baisse : « J’ai les pires notes de ma vie… Ça tourne autour de 10, mais je le vis bien ! De toute façon je ne suis pas en prépa pour passer les concours, l’idée pour moi est juste de purger cette année avant d’intégrer une école d’architecture qui recrute à bac+1. »

 

Entamer une prépa pour occuper une année, il fallait oser, mais ça lui a au moins permis de stimuler son intellect, avec plus ou moins de succès selon les matières : « Je ne dirais pas que je m’ennuie, je trouve juste que certains cours pourraient être plus concis. Mais contrairement au lycée où j’avais tout le temps de m’ennuyer, en prépa j’ai quand même plus de travail, donc c’est plus supportable ».

Pas de week-end d’inté ni de BDE pour les mineurs

Comme Noam, Luc a eu son bac en 2022, mais à 16 ans. Avec « seulement » une année d’avance, il vient de faire sa rentrée en bachelor à Évry-Courcouronnes, à l’Institut Mines-Télécom Business School. Ravi du contenu des cours du diplôme qu’il a choisi, il est un peu frustré de ne pas vivre à fond sa vie d’étudiant : « Comme je ne suis pas majeur, je n’ai pas eu l’autorisation de participer au week-end d’intégration ; je ne peux pas participer non plus aux grosses soirées organisées par le BDE, puisqu’il y a de l’alcool ; pas de soirée Halloween pour moi, ni de ski avec l’école cet hiver ».

Luc, qui espérait prendre des responsabilités dans l’une des associations de l’école, n’a pas pu le faire non plus, toujours à cause de son âge – bien qu’il soit possible pour une association d’avoir un dirigeant de moins de 18 ans et plus de 16 – mais chaque école applique ses propres règles pour les élèves mineurs. Et manque de chance, Luc étant du mois d’octobre, adieu le WEI 2023 : il pourra participer au WEI en 2024, deux ans après sa première rentrée à l’école. « Quand on devient étudiant, on a envie de pouvoir profiter de toute cette vie de campus, et moi je vais devoir attendre encore plus d’un an », regrette-t-il.

Certaines écoles sont plus souples. Axel a fait son entrée en école d’ingénieurs l’année de ses 16 ans – avec un bac décroché à 15 ans en 2021. Participer aux soirées d’intégration de son école n’a jamais été un problème. « Au moment de la rentrée, un tiers de la promo était mineur, le programme du week-end prenait en compte cette contrainte », plaisante celui qui a même trouvé le bon plan pour profiter des soirées du BDE : « Je suis vice-président de l’association qui sonorise les soirées, donc je suis bien obligé d’y être pour monter et démonter le matériel ! »

« Plus personne ne me jugeait sur mon âge »

Autre profil, autre expérience. Martin a eu son bac à 16 ans, mais en 2019. Après une classe prépa qu’il a cubée – cela arrive aux meilleurs, donc – le jeune homme a intégré l’Ecole des Mines, à Nancy. Avec le recul de ces 3 années d’études, il estime qu’il n’a jamais eu une vie sociale aussi dense qu’à partir du moment où il a intégré la prépa.

 

La sortie du lycée ? Une libération : « Plus personne ne me jugeait sur mon âge, et je me suis retrouvé avec plein d’élèves « comme moi », pas forcément en avance, mais bons élèves. Bon, à mon premier 8 en maths, j’ai pris un petit coup à l’égo, mais ensuite tout s’est bien passé ».

Un sentiment que partage Axel qui a lui aussi vite trouvé ses marques dans son école d’ingénieur, l’ESEO, à Angers : « Je conseille aux jeunes qui sont dans notre situation de ne pas se faire trop de stress. Tout est finalement moins compliqué que ça en à l’air. Par exemple, être mineur n’est pas un obstacle pour trouver un appartement : il y a plein de jeunes apprentis de moins de 18 ans qui sont comme nous obligés de partir de chez leurs parents, et qui trouvent un logement ».

Surtout, celui qui a sauté la grande section de la maternelle et la sixième relativise sa « différence » : « Ça fait plus de 10 ans maintenant que je suis systématiquement plus jeune que les autres, et je peux confirmer que ça n’est pas un problème quand on arrive dans l’enseignement supérieur ». Selon Luc, l’année ou les années d’avance peuvent même être un avantage … sur Parcoursup : « Dans mon école, relève Luc, on m’a clairement dit que c’était un plus. J’imagine que c’est parce que grâce à nous la moyenne d’âge des promos est moins élevée ? »

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