Avec « Les Barbares », Julie Delpy dépeint un village français à l’épreuve de l’immigration

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L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Inclassable, Julie Delpy suit, depuis les années 1980, une carrière d’actrice éclectique et ubiquitaire entre la France et les Etats-Unis, deux pays entre lesquels sa vie et sa carrière se distribuent. A cela s’ajoute, depuis 2002 (Looking for Jimmy), une vocation de réalisatrice qui lui fait explorer sans relâche, avec une fraîcheur, un sens de l’humour et un rentre-dedans bienvenus, les crises intimes du couple ou de la famille élargie.

Voire très élargie, comme c’est le cas dans son huitième long-métrage, Les Barbares, qui met à l’épreuve de l’immigration et du vivre-ensemble une tranquille petite ville bretonne nommée Paimpont (Ille-et-Vilaine). Quitte à ce qu’on se demande assez rapidement, devant son acide drôlerie, s’il ne faut pas entendre « pin-pon », les pompiers, l’asile et le tintouin.

Ça démarre très fort, avec le comité d’accueil réuni au grand complet sur la place principale pour l’arrivée d’une famille de réfugiés ukrainiens. A la dernière minute, l’instigatrice de cette belle opération explique au maire que, en raison de la pénurie d’Ukrainiens sur le marché de l’aide aux réfugiés, la préfecture a pris sur elle de leur envoyer une famille syrienne. Décision par quoi soudain tout change et tout s’enclenche d’une fable qui va piquer fort, la solidarité internationale étant, malgré tout, à géométrie variable.

Grande tradition moliéresque

Dans la grande tradition moliéresque, Les Barbares se révèle une comédie de caractère. Les personnages y commandent l’intrigue plutôt qu’ils n’en émanent. C’est dire l’importance d’un casting qui se révèle ici parfaitement mesuré.

Jean-Charles Clichet (déjà magnifique dans Viens je t’emmène, d’Alain Guiraudie, en 2022) y campe Sébastien Lejeune, le gentil maire opportuniste qui ne détient en guise de langage que des clichés politiquement corrects. Julie Delpy en personne est Joëlle, professeure des écoles et militante de gauche raidasse, qui a définitivement banni de son horizon psycholinguistique les mots « douceur » et « humour ». Sandrine Kiberlain est Anne Poudoulec, amie de la précédente et gérante sans surface de la supérette locale, tandis que son mari, Philippe (Mathieu Demy), s’égare régulièrement dans les voluptueuses rondeurs de la charcutière, Marylin Legall. Laurent Lafitte interprète aux petits oignons le plombier alsacien Hervé Riou, Breton d’exception, Français d’honneur, militant d’extrême droite, dont l’obtuse obsession xénophobe épuise jusqu’à sa femme, Géraldine (India Hair).

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