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Aux Rencontres d’Arles, la photographe Debi Cornwall dans la fiction du pouvoir américain

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Dans une vie antérieure, l’Américaine Debi Cornwall était avocate, spécialiste des droits humains. Elle s’occupait de défendre des personnes condamnées à tort et blanchies grâce à des tests ADN, ou des familles dont un proche avait été tué par la police. Même si elle a fini par tourner la page, consumée par la rage qui animait ses combats judiciaires, son ancien métier a laissé des traces sur l’artiste qu’elle est devenue. « Je suis quelqu’un qui critique le pouvoir : comment on l’exerce, comment on en abuse », résume cette photographe de 51 ans, qui expose ses photographies conceptuelles dans une installation stimulante, sous le titre Citoyens modèles, dans l’Espace Monoprix, aux Rencontres d’Arles.

Scénario « Discernement » 1, de Debi Cornwall. Un stagiaire de la Border Patrol avance vers une menace non identifiée, dans le cadre d’un exercice visant à apprendre aux policiers armés à faire preuve de discernement. Centre de formation de la US Border Patrol. Artesia, Nouveau-Mexique, 2022.

Les photographies de Debi Cornwall évoquent des zones de guerre ou de catastrophe, dans une version énigmatique et ambiguë. Il y a bien des drapeaux américains qui flottent, des soldats en embuscade, des cadavres qui traînent, des villages désertés, mais, toujours, quelque chose cloche : les tenues sont trop propres, les blessés ne sont pas très crispés, les bâtiments ont l’air neufs, peints dans des couleurs criardes. Vraies, ces images reproduisent fidèlement ce que la photographe a capturé dans des bases d’entraînement de l’armée américaine, ou dans des musées d’histoire à travers les Etats-Unis. Fausses, elles ne montrent en réalité que des mises en scène.

Pour chaque image exposée, comme dans le livre publié aux éditions Textuel, l’artiste évite le spectaculaire et ne livre que des détails limités : « Je cherche à désorienter le spectateur pour piquer sa curiosité, interroger les espaces entre les images », note-t-elle. Car ce n’est pas l’aspect descriptif ou documentaire qui l’intéresse, mais le fonctionnement d’un système politique et militaire qu’elle cherche à dévoiler : « Je me penche sur la façon dont le pouvoir se met en scène par des performances, dans une culture militarisée où les frontières entre la vérité et la fiction se brouillent. »

Figures imposées

Pour sa série « Necessary Fictions », Debi Cornwall a ainsi photographié des lieux où l’armée met en scène sa propre image : elle a arpenté des bases militaires américaines où des Irakiens ou des Afghans, souvent des réfugiés qui ont fui la guerre, sont costumés et invités à rejouer leur propre rôle (supposé) dans de faux villages Potemkine. Construits sur mesure pour entraîner les soldats, ils servent de décor à des « scénarios » inspirés de champs de bataille lointains. Mais elle a aussi visité des sites d’entraînement de la garde nationale, où de vrais soldats américains se font passer pour des blessés graves dans des reconstitutions de catastrophe à grande échelle – le but étant d’apprendre aux équipes médicales à identifier les blessures et à maîtriser les gestes d’urgence.

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