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Au Royaume-Uni, la plus vieille gare rêve d’être restaurée pour ses 200 ans

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LETTRE DE HEIGHINGTON

Pays où naquit la première révolution industrielle, le Royaume-Uni possède un patrimoine industriel fascinant, mais pas toujours mis en valeur en raison du manque de fonds alloués à sa réhabilitation. L’exemple de la Stockton and Darlington Railway illustre bien ce phénomène. Il s’agit, aux confins de la zone industrielle de Newton Aycliffe, une ville sans charme du comté de Durham (nord-est de l’Angleterre), de la plus vieille ligne de chemin de fer commerciale au monde.

Longue de 26 miles (42 km), elle a été inaugurée en septembre 1825. L’association Friends of the Stockton and Darlington Railway compte profiter de la célébration, en 2025, de son bicentenaire pour réunir suffisamment de fonds afin de restaurer la gare et ce qui reste d’ouvrages d’art et de vestiges le long de son parcours.

A la sortie d’un rond-point, juste après l’entrée d’une usine du japonais Hitachi, se trouve Heighington Station, une bâtisse carrée en bien triste état, qui est pourtant la plus vieille gare de voyageurs au monde. Elle a été ouverte en 1826, juste après ­l’entrée en ­service de la ligne Stockton and Darlington. Elle n’est plus utilisée depuis 1960 mais les trains passent ­toujours devant ses fenêtres condamnées, le tronçon de la ligne originelle de chemin de fer qu’elle desservait ayant été intégré, à la fin du XIXe siècle, à une autre ligne, plus longue, la Tees Valley Line.

Comme des diligences posées sur des rails

« Le chemin de fer est né ici, car tout ce qui nécessitait son apparition se trouvait au bon endroit au bon moment », souligne l’archéologue Caroline Hardie, membre de l’association Friends of the Stockton and Darlington Railway. Le sous-sol de Durham est l’un des plus riches en charbon du pays : depuis des siècles, on l’exploite dans des centaines de mines ­dispersées dans la campagne. A partir de la fin du XVIIIe siècle, ces mines se mécanisent, emploient des ingénieurs talentueux qui testent les machines à vapeur pour augmenter les rendements et remplacer les chevaux. Parmi ces ingénieurs à l’­esprit aventureux, le fameux George Stephenson, natif d’un village près de Newcastle, au nord de Durham, qui conçoit sa première locomotive à vapeur en 1814.

L’archéologue Caroline Hardie, membre de l’association Friends of the Stockton and Darlington Railway, sur l'itinéraire original du train de 1825, le 12 juin 2024.

Enfin, le comté de Durham héberge des quakers, des investisseurs à l’esprit pionnier représentant une mouvance dissidente de l’Eglise anglicane, refusant sa hiérarchie, prônant la paix et l’intervention dans la société. L’un d’eux, Edward Pease, un marchand de laine prospère de Darlington, ­commissionne l’étude d’un chemin de fer en 1818, faisant le pari audacieux de faire de sa société nouvellement créée, Stockton and Darlington Railway, une ligne commerciale de fret et de voyageurs. Celle-ci est bâtie en à peine trois ans. George Stephenson supervise les travaux et fait fabriquer les locomotives dans son entreprise de Newcastle.

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