Au festival de cinéma de Bologne, une vue imprenable sur les artisanats de Kyoto

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Le festival Il Cinema ritrovato de Bologne (Emilie-Romagne), en Italie, n’a pas fait mentir la dimension proustienne de son intitulé (« le cinéma retrouvé »), en faisant revivre sur grand écran la mémoire animée du XXe siècle, par un affolant festin de films anciens, classiques restaurés ou trouvailles exhumées. Arrivée à sa 38e édition, la manifestation, émanation de la cinémathèque municipale (Cineteca di Bologna), n’a plus rien à voir avec la réunion d’archivistes et d’historiens spécialisés des débuts. Adossé dès 1992 à un laboratoire central dans le champ de la restauration (l’Immagine ritrovata), le rendez-vous rayonne et attire, outre les professionnels, un public de plus en plus large. Notamment pour les rituelles projections en plein air du soir sur une Piazza Maggiore noire de monde, où le coup d’envoi fut lancé cette année avec La Prisonnière du désert (1956) de John Ford projeté dans les habits neufs d’une copie 70 mm.

Selon Gian Luca Farinelli, l’un des quatre codirecteurs du festival, à la tête de la Cineteca depuis 2014, « la fréquentation l’année dernière était autour de 120 000 spectateurs et de 5 000 accrédités. Mais on s’attend à une augmentation avec notre nouvelle salle, le Modernissimo. » En effet, l’événement de cette édition était la réhabilitation de cet ancien cinéma souterrain de 1915, rétabli dans son coffrage art déco par l’architecte Giancarlo Basili, et accessible par une rampe d’escalier plongeant sous la Piazza Re Enzo. La salle s’est donc ajoutée au parc déjà bien fourni d’une dizaine d’écrans sur lesquels le festival se déploie. Réouverte en novembre 2023, « elle a enregistré jusqu’en juin 105 000 entrées avec une programmation axée sur l’histoire du cinéma », précise Farinelli.

Dans le paysage déprimé de l’exploitation post-Covid en Italie, Bologne fait figure d’exception. « C’est un territoire dépositaire à la fois d’une grande tradition sociale, et d’une grande tradition de spectacle », explique Farinelli, « avec déjà une importante concentration de théâtres et de compositeurs lyriques au XIXe siècle. Le simple fait qu’une ville de cette taille [388 000 habitants] se soit dotée d’une cinémathèque paraît étonnant. C’est le fruit d’une volonté politique forte de la municipalité, qui mise beaucoup sur la culture. » De quoi apparaître comme un bastion dans l’Italie de Giorgia Meloni marquée par un mouvement de réaction culturelle.

Subtil raconteur

Avec sa ribambelle de rétrospectives en tous genres, cette 38e édition célébrait des figures aussi variées que Marlene Dietrich (L’Ange bleu, 1930), l’actrice et réalisatrice française Delphine Seyrig (Sois belle et tais-toi, 1981), ou encore le fin satiriste italien Pietro Germi (Divorce à l’italienne, 1961). L’un des cycles les plus courus à Bologne est celui consacré au Japon, qui présente cette année les œuvres méconnues de Kozaburo Yoshimura (1911-2000). Un programme concentré sur sa période faste des années 1950 au sein du studio Daiei, où le cinéaste étudie avec finesse les transformations du Japon d’après-guerre. Plusieurs de ses films, déclinaisons du drame féminin, sont dévolus aux travailleuses de Kyoto, ancienne capitale et centre d’artisanats traditionnels alors bousculés par l’irruption de la modernité occidentale.

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