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Au Festival d’Avignon, une constellation sud-américaine très politique

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¿ Habla usted español ? Si ce n’est pas le cas, il va falloir s’y mettre ! L’espagnol, deuxième langue la plus parlée au monde (après le mandarin, l’anglais et l’hindi), est aussi, en 2024, la deuxième langue du Festival d’Avignon, qui y consacre près d’un tiers de sa programmation. Et avec lui s’invite une pléiade de créateurs latino-américains peu ou pas connus, pour qui cette langue est au cœur d’enjeux intimes et politiques où se mêlent l’identité, l’histoire (marquée du sceau de la dictature militaire) et les questions postcoloniales.

De certains, on a déjà pu voir le travail en France. Ainsi de l’Argentin Mariano Pensotti, qui crée (en français) Une ombre vorace, le désormais traditionnel spectacle itinérant du Festival. Ainsi de sa compatriote Lola Arias, qui présente Los dias afuera. Ou de Gabriel Calderon et de Chela de Ferrari, respectivement uruguayen et péruvienne mais tous deux installés en Espagne, présents avec leurs spectacles Historia d’un senglar (o alguna cosa de Ricard), d’après Richard III, de Shakespeare, et La gaviota, d’après La Mouette, de Tchekhov.

Les trois autres sont des inconnus, dont on va découvrir l’univers artistique – et, dans les trois cas, très politique – à Avignon. Voici donc, par ordre d’entrée en scène, l’Uruguayenne Tamara Cubas, avec sa pièce Sea of Silence ; l’Argentin Tiziano Cruz, présent avec deux spectacles, Soliloquio (me desperté y golpeé mi cabeza contra la pared) (« Soliloque. Je me suis réveillé et je me suis cogné la tête contre le mur ») et Wayqeycuna ; enfin le Chilien Malicho Vaca Valenzuela, qui signe Reminiscencia.

« Aspiration à la décolonisation »

Tamara Cubas est née à Montevideo en 1972, et vient des arts visuels et de la danse, avant d’accorder une importance de plus en plus grande à la parole dans son travail. Cette femme au caractère bien trempé dirige la section artistique de Campo abierto, un lieu hybride, principalement agricole, situé en pleine campagne, dans l’extrême nord de l’Uruguay, à la frontière avec le Brésil. Elle a elle-même l’expérience de l’exil, puisque ses parents sont partis vivre à Cuba quand elle était enfant, pour fuir la dictature qui a sévi dans son pays de 1973 à 1984.

Le travail qu’elle mène depuis vingt ans, sous forme d’installations, de performances, de pièces de danse ou de théâtre, de rituels, se développe selon deux axes, liés par ce qu’elle appelle une « esthétique de la précarité ». « Le premier axe, c’est la puissance du corps, la manière dont le corps performatif est porteur d’autonomie, explique-t-elle. Les corps latino-américains sont animés d’une force incroyable, ils sont marqueurs de souvenirs, d’histoire, et d’une aspiration incessante à la décolonisation. » « Le deuxième, poursuit-elle, c’est une recherche sur la question de l’Autre, importante dans un pays comme le nôtre où la culture originelle a été complètement éradiquée. Le vivre-ensemble, l’hétérogénéité, la chose commune sont au cœur de mon travail. »

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