Arrestation de Pavel Durov en France : le récit d’une semaine retentissante

C’est un événement d’une ampleur inédite : l’arrestation puis la mise en examen d’un multimilliardaire dirigeant l’une des plus grandes plates-formes numériques au monde. Depuis le 24 août, l’affaire Pavel Durov fait la une de la presse mondiale. Elle a aussi entraîné un bras de fer entre Moscou et Paris et, plus largement, provoqué de très vifs débats sur les limites de la liberté d’expression et la responsabilité des réseaux sociaux.

Samedi 24 août : une interpellation surprise à l’aéroport

19 h 30 : un jet Embraer Legacy 600, affrété par une compagnie privée, termine sa descente vers les pistes de l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis). A bord de l’appareil en provenance de Bakou, Azerbaïdjan, un hôte de marque : Pavel Durov, le PDG de l’application Telegram, qui voyage en compagnie d’un garde du corps et d’une jeune influenceuse cryptomonnaies. Pavel Durov a prévu de dîner à Paris, mais ses plans sont vite contrariés : juste après l’atterrissage, il est arrêté par la police.

Les raisons de cette interpellation filtrent peu à peu : confirmant une information de TF1 et LCI, des sources proches du dossier affirment que le milliardaire de 39 ans était visé depuis juillet par un mandat de recherche en lien avec son service de messagerie, utilisé par plus de 900 millions de personnes dans le monde. L’office mineurs (Ofmin), un service d’investigation chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs, enquêtait en effet depuis six mois sur la présence de contenus pédopornographiques sur Telegram, dont les équipes avaient ignoré, selon Politico, une réquisition judiciaire française visant à identifier un pédocriminel. L’enquête a depuis été élargie, et plusieurs services d’enquête français y participent.

Il s’agit d’une première mondiale. Jamais le patron d’une plate-forme numérique n’avait jusque-là été arrêté. Pavel Durov tente alors une pirouette devant les enquêteurs : il est, prétend-il, attendu à l’Elysée par le président de la République en personne, comme le racontera plus tard Le Canard enchaîné. Un coup de bluff : l’Elysée démentira quelque temps après, arguant que le chef de l’Etat se trouvait de toute façon au Touquet ce soir-là. Le patron de Telegram est placé en garde à vue ; il demande à faire prévenir Xavier Niel, fondateur d’Illiad et actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde, qu’il connaît de longue date.

Dimanche 25 août : des premières réactions indignées

La nouvelle de l’arrestation de Pavel Durov s’est répandue dans la nuit sur les réseaux sociaux. Alors que les enquêteurs français commencent seulement à interroger le PDG de Telegram dans les bureaux de l’Office national antifraude (ONAF), de premières indignations se profilent en ligne. Le lanceur d’alerte Edward Snowden, Elon Musk, propriétaire du réseau social X, le présentateur américain Tucker Carlson, l’influenceur masculiniste Andrew Tate ou encore l’ex-candidat complotiste à la présidentielle américaine Robert F. Kennedy Jr, tous dénoncent une attaque contre la liberté d’expression.

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