Après une amputation, il n’y a pas qu’une seule façon de s’approprier une prothèse

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Quels sont les processus d’appropriation d’une prothèse ? Pourquoi certaines personnes l’abandonnent-elles au bout d’un certain temps ? Sur ces sujets, la littérature en médecine et en sciences humaines et sociales est relativement pauvre. Trois chercheurs du laboratoire Sciences et société : historicité, éducation et pratiques, de l’université Lyon-I ont voulu explorer cet « angle mort » de la recherche : Lucie Dalibert, maîtresse de conférences en philosophie des techniques et humanités médicales, Valentine Gourinat, docteure en sciences de l’information, de la communication et en sciences de la vie et Paul-Fabien Groud, docteur en anthropologie . Leurs travaux, démarrés début 2020, ont été publiés en novembre 2023.

« Par nos travaux antérieurs, on s’était rendu compte que les équipes soignantes nous parlaient beaucoup de ce qui n’allait pas. Elles constataient aussi qu’il y avait pas mal d’abandons de prothèse, beaucoup de difficultés, de déception et de désillusion dans la manière dont les personnes amputées pouvaient les utiliser et se les approprier », indique Paul-Fabien Groud.

Pour mener leur recherche, ils ont observé au plus près une trentaine de personnes, âgées de 22 ans pour le plus jeune à 88 ans pour le plus vieux, avec toutes sortes d’amputations, qui venaient d’arriver en centre de réadaptation et n’avaient pas encore été appareillées. « Nous nous sommes entretenus avec elles plusieurs fois par semaine pendant quasiment six mois, de la [mise en place de la] prothèse jusqu’à leur sortie [du centre de réadaptation]. Puis à un mois, six mois et un an après leur retour à domicile. »

Facteurs psychosociaux

Six autres mois ont été consacrés à un travail d’enquête en hôpital de jour auprès de 93 personnes amputées de longue date, parfois depuis cinquante ans, qui revenaient en consultation. « L’idée était de comprendre, sur le long terme, ce qui fonctionne et inversement ce qui ne fonctionne pas », disent les chercheurs. Les pratiques soignantes d’accompagnement et de suivi des patients ont aussi été observées et questionnées.

Sans prétendre à l’exhaustivité, les chercheurs ont montré que certains facteurs, médicaux et psychosociaux, favorisent l’appropriation de la prothèse : absence de douleur au niveau du moignon, plus ou moins grande implication dans le parcours, acceptation de ce nouveau corps, présence et soutien d’un proche. Inversement, l’isolement, l’inactivité professionnelle ou encore une absence de suivi après le retour au domicile sont des facteurs pouvant entraver cette appropriation.

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