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« Après tout », de Ian Soliane : résurrection de l’être IAmé

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« Après tout », de Ian Soliane, Jou, 128 p., 12 €.

Claire, l’amour de sa vie, la mère de ses enfants, est morte. Et pourtant, le voici qui lui réapprend à vivre, à maîtriser l’espace de leur appartement, les dimensions les plus physiques de ses souvenirs et les routines du quotidien. Ce n’est bien entendu pas d’elle qu’il s’agit : face à son désespoir durant la longue maladie dégénérative de son épouse, un entrepreneur scientifique de haute volée lui a proposé, plus ou moins sous le manteau, de bénéficier en avant-première d’une technologie encore pour partie expérimentale – en tout cas, certainement pas commercialisée.

Les états de conscience de Claire, ses impulsions neuronales et l’essentiel de sa mémoire ont pu être patiemment scannés et enregistrés pour nourrir un clone bio-informatique révolutionnaire qui, à l’aide des programmes ad hoc, hautement sophistiqués, va faire ainsi revivre, dans beaucoup de ses moindres détails, l’être cher disparu.

Créature magnifique et insensée

La « nouvelle » Claire et lui se terrent pourtant dans leur appartement : des bugs, anodins ou plus inquiétants, sont encore à corriger, certes, mais surtout, dans ce quartier parisien central et cossu, tout le monde connaissait le couple adorable et sait sans aucun doute que Claire est morte et bien morte… Comment s’expliquer ? Pire encore : quelle sera la réaction de la famille ? Et des enfants ? Que choisira-t-il de faire devant le sentiment d’horreur qui saisira peut-être bientôt ses proches ?, se demande-t-il, tout en apprivoisant les logiciels de son épouse recréée et en apprenant à réagir adéquatement au prévu et à l’imprévu que produit cette créature magnifique et insensée.

Ian Soliane nous avait déjà joliment sidérés, dans son Basqu.I.A.t (Jou, 2021), en imaginant le monologue de plus en plus véhément d’une intelligence artificielle souhaitant obtenir de nous, en récompense des innombrables services rendus (détaillés avec un humour vertigineux), l’explication des coulures, des bavures et des hachures de la toile Fallen Angel (« ange déchu »), de Jean-Michel Basquiat (1981).

Il nous offre avec Après tout une ­nouvelle incursion science-fictive saisissante au cœur du bouleversement de nos vies par les technologies, jusqu’au plus intime et au plus tabou. Depuis Orphée et Eurydice, le retour de l’être aimé décédé est un fantasme qui irrigue les fictions et les mythes de l’humanité. Si la science appliquée approchait d’une solution, que nous diraient l’éthique, le sens commun, que deviendraient le désir et le sentiment de perte jusqu’alors irrémédiable ?

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