Il y avait pas mal d’émotion dans l’air du côté du quai Dresser dans le port du Havre (Seine-Maritime) en ce mardi 6 août matin. « De l’émotion mais aussi beaucoup de concentration », corrige Guillaume Le Grand, le cofondateur de Towt, la compagnie de fret maritime à la voile, en accueillant « Anémos », le tout premier navire de sa flotte parti des chantiers navals Piriou à Concarneau (Finistère) en fin de semaine dernière. « Mais bon, c’est vrai que c’est une nouvelle étape essentielle à notre développement. Nous l’attendions avec impatience. C’est un peu comme des parents qui rentrent de la maternité avec leur premier enfant… »
Lui était à bord de la pilotine qui a accompagné le voilier à son arrivée dans son nouveau port d’attache. « Le voir apparaître à l’horizon a été un grand moment. Ça concrétisait toutes ces années d’effort. Et il a été salué par des centaines de personnes. On entendait même des klaxons… », s’enthousiasme ce Breton d’origine qui veut montrer qu’une autre voie est possible dans le domaine du fret maritime et que la propulsion vélique peut être économiquement viable.
À la barre du grand voilier de 81 mètres, Hadrien Busson a donc ramené « Anémos » à bon port avant de reprendre la mer avant la fin de semaine, direction New York qu’il devrait atteindre autour du 20 août. « Il y a une forme d’excitation à faire partie de cette aventure qui donne du sens à notre métier de marin. On ne va pas révolutionner le commerce mondial, mais on va faire notre part dans sa décarbonation. »
Car à bord d’« Anémos », pas loin de 1 200 tonnes de marchandises réparties sur plus de 1000 palettes vont être acheminées de l’autre côté de l’Atlantique. « On a des bouteilles de cognac Martell, du champagne Perrier-Jouët ou Cordon rouge de chez Mumm, de la Chartreuse, de la confiture, des cosmétiques… Pour des clients qui pourront faire valoir que leurs produits ont été acheminés en utilisant la force du vent sur la quasi-totalité de leur parcours, avec un carnet de bord complet, accessible pour le consommateur final où le voyage sera entièrement détaillé, même les poissons volants croisés sur le parcours », se réjouit Guillaume Le Grand tout en ajoutant que « pour le retour, le navire fera route vers Santa Marta en Colombie où il chargera 1 000 tonnes de différents cafés pour Belco avant de revenir. »
Des passagers embarqués d’ici début 2025
Quant à la présence de passagers à bord, une possibilité prévue dès l’origine par Towt, il faudra faire preuve d’encore un peu de patience. « Les premiers pourraient embarquer en fin d’année ou d’ici début 2025 », prévient Guillaume Le Grand. D’ici là, Hadrien Busson aura eu tout le loisir de découvrir sereinement son nouveau partenaire de jeu au côté d’un équipage renforcé de huit autres marins : « C’est un concentré de technologie sur lequel on peut faire 1 000 réglages, c’est même tout l’intérêt de notre travail pour tirer le meilleur de ce bel outil. Pour l’heure, nous avons navigué par petit temps, loin de ses limites. On va se découvrir petit à petit. Vous savez, un marin reste toujours humble face à la météo et à la mer, mais on sent déjà qu’Anémos a un énorme potentiel. »
D’ici le mois d’octobre, ce dernier sera rejoint par « Artémis », le deuxième voilier cargo de la compagnie Towt qui en a déjà commandé six autres au même constructeur pour des livraisons prévues entre mi-2026 et 2027.
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