« America’s Sweethearts », sur Netflix : une saison avec les « cheerleaders » des Dallas Cowboys

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NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

De plus en plus, le terme cheerleader a tendance à supplanter celui de « pom-pom girl » dans les usages en France. Comme si revenir à l’expression américaine originale était une façon de rendre justice à ces groupes de danseuses, athlétiques et généralement peu vêtues, chargées de mettre l’ambiance dans les stades avant chaque rencontre sportive.

Un exemple de cet intérêt renouvelé pour la discipline fut le succès de la série documentaire Cheer, diffusée entre 2020 et 2022 sur Netflix. Son réalisateur, le documentariste Greg Whiteley, replonge avec America’s Sweethearts, une série en sept épisodes consacrée aux mythiques cheerleaders des Dallas Cowboys, fleuron de la ligue de football américain et l’une des plus anciennes équipes du pays.

Blanches, blondes et surentraînées

Bien loin du Navarro College de Cheer, cet établissement de seconde zone du Texas, dans laquelle brille une équipe star − et mixte − de cheerleading universitaire, les Dallas Cowboys Cheerleaders (« DCC ») sont grandes, le plus souvent blanches, blondes et surentraînées. Le prix de cette excellence, qui attire des candidates des quatre coins du pays, est un processus de sélection drastique, qui constitue la trame d’America’s Sweethearts.

Chaque année, les postes des trente-six DCC sont remis en jeu au cours d’un stage qui permet aux vétéranes de conserver leur place pour l’année suivante et aux rookies (débutantes) d’espérer remplacer une DCC retraitée − une DCC ne fait pas plus de cinq saisons.

La scansion des éliminations permet de s’attacher à une poignée de parcours individuels. Kelcey, infirmière de 24 ans, entame avec panache sa dernière année. Reece, l’oie blanche venue du fond de l’Alabama, se révèle être une bête de scène lors des auditions. Anna Kate marche dans les pas de sa sœur aînée, ancienne DCC percluse de douleurs − les sauts en grand écart ne font pas beaucoup de bien aux hanches. Victoria, fille d’une ancienne DCC très populaire, a du mal à se faire une place au sein du groupe. La figure de la mère est omniprésente, et s’incarne encore dans Judy et Kelli, deux anciennes gloires des DCC, qui supervisent le groupe et sa composition depuis plusieurs décennies.

Train d’enfer des répétitions

Rythmée par le train d’enfer des répétitions menant au premier match de la saison, la série réussit, malgré les faux cils, les bigoudis et les larmes de crocodile, à s’émanciper des procédés de la téléréalité pour saisir ce qui fait vibrer ces jeunes femmes. On découvre, à travers ce regard, neutralisé de tout male gaze, la réalité de ces vingtenaires souvent déracinées, diplômées, qui enfilent leur minishort et leurs santiags à la sortie du boulot pour répéter. Le tout pour un salaire très bas, que les propriétaires du club balaient d’un revers de la main : être une DCC n’a pas de prix, c’est le rêve d’une vie.

Le féminisme en prend, bien sûr, un coup et, à la fin, c’est évidemment le business qui gagne, mais lorsque cette troupe de cow-girls entre sur le terrain et emporte un stade entier au son du Thunderstruck, d’AC/DC, c’est l’Americana qui palpite sous nos yeux. Une Amérique essentiellement conservatrice, au référentiel purement hétéronormé, farouchement attachée à Jésus et pas forcément très reconnaissante vis-à-vis du travail fourni par ces jeunes femmes pour lever la jambe par-dessus le ciel, tout sourire quelles que soient les circonstances, comme la blonde Madeline s’y emploie lors d’un match, alors qu’elle vient d’apprendre la mort de son père, et porter haut les couleurs de l’équipe. Ce rêve de petite fille-là coûte bien cher.

America’s Sweethearts, série documentaire créée et réalisée par Greg Whiteley (EU, 2024, 7 × 52 min).

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