Alexandre Assouline: entre les pages d’une réussite familiale

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Ce trentenaire créatif et perfectionniste qui bouillonne d’idées imprime peu à peu sa marque au sein de la maison d’édition créée par ses parents, il y a plus de trente ans. Retour sur une réussite familiale exceptionnelle.

C’est une colombe, non pas posée sur un toit tranquille, mais nichée dans un petit village du Sud qui enfanta l’une des plus grandes réussites éditoriales de ces dernières décennies. Martine et Prosper Assouline adorent depuis toujours la Colombe d’Or, le charmant hôtel de Saint-Paul-de-Vence célébré par les peintres et les poètes. Il y a de cela trente ans exactement, ils rapportèrent de ce cocon une moisson de photos au point de regretter de ne pas en faire profiter le plus grand nombre. Un livre autoédité consacré à la Colombe d’Or vit le jour.

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La première pierre d’un édifice en comptant aujourd’hui… trois mille, avec depuis le premier jour le même imprimeur. Derrière le succès de ce tandem inséparable, une constante: surprendre, éblouir, passionner. Le catalogue couvre à peu près tout le spectre du glamour, de la beauté et de la réussite, de Frida Kahlo à la légende Ferrari, de Jay-Z à Francis Bacon, de Barbie à Maria Callas

Comme si les Éditions Assouline avaient rendu l’art, la distraction et le luxe à portée de regards et de mains. Le texte y joue sa partition au même titre que l’image, comme en témoigne la présence récente des «plumes» aussi convoitées que celles de Simon Liberati (pour St Tropez Soleil) et de Frédéric Beigbeder (pour Biarritz Basque). Une centaine de salariés à New York où est établi le camp de base, une quinzaine à Paris, les éditions Assouline éditent la plupart de leurs ouvrages en anglais, ce qui leur permet une exposition maximale en librairies à l’étranger.

C’est justement depuis New York qu’officie Alexandre Assouline, le «dauphin» présumé de la maison. Chemise blanche, pantalon beige à pinces, ce trentenaire brun masque derrière une apparence policée de jeune homme de bonne famille une détermination en alliage blindé. Après un détour par des boîtes de conseil et de stratégie, celui-ci est revenu au bercail il y a une dizaine d’années pour s’occuper du volet «business», même s’il tient à rappeler qui est le chef: «Prosper, mon père, possède une très bonne vision de ce qu’il veut. Je suis là pour me saisir de celle-ci, l’acter et travailler sur le développement de ce qui constitue une marque de luxe.»

Alexandre Assouline a commencé de faire ses gammes en travaillant un temps chez l’imprimeur, pratiquant quelques années le métier de graphiste designer, avant de s’atteler par la suite aux métiers du digital et du marketing. «AA» a grandi entouré de livres, mais loin de le dégoûter, comme cela peut arriver, ce monde de papier lui a forgé une certitude: «Selon moi, un livre est quelque chose qu’on ne peut pas ne pas aimer. Feuilleter pour la beauté de l’objet, lire pour apprendre sont deux choses que j’ai adoré faire depuis mon enfance. Mes parents ont toujours été avides de culture, ce n’est pas par hasard s’ils travaillent sur cent livres par an. On ne peut pas avoir une telle boulimie de création livresque sans un amour absolu des livres.»

Enfant, lorsqu’il n’était pas à l’école, Alexandre n’avait qu’une passion: regarder ses parents travailler au milieu des planches-contacts et des textes. Il aura vu passer à la maison nombre d’artistes et de personnalités. L’un de ses plus beaux souvenirs reste la visite du «roi Pelé» au domicile familial, visite ponctuée de quelques dribbles improvisés dans le couloir avec l’icône brésilienne du foot… Autre souvenir fort, une fois adulte, l’échange à Capri avec Valentino lors de la préparation de l’ouvrage consacré au couturier. «Je me souviens de nous, assis à la terrasse d’un café avec nos ordinateurs pour échanger sur le choix de la couverture. Les Éditions Assouline sont le contraire d’une société froide, la nôtre est avant tout basée sur le contact humain. J’ai vécu des moments intenses pour chaque livre.» Ce jeune homme pressé et perfectionniste, marié depuis un an (son épouse travaille à ses côtés, reproduisant en cela l’exemple de ses parents), caressait un rêve: réaliser un beau livre avec l’immense Roger Federer. Rêve devenu réalité ce mois-ci avec le lancement mondial de l’ouvrage.

Inspirer, éduquer, émerveiller

Développer tous azimuts la marque est peut-être ce qui semble le plus tenir à cœur Alexandre: «Nous ne faisons pas que des beaux livres, nous les traitons aussi comme des objets de luxe, et de ce fait, nous avons entrepris depuis des années une multitude de déclinaisons autour de nos ouvrages. Nous ouvrons plusieurs boutiques par an, six cette année dont deux avec pop-up.» Singularités de la maison: le lancement de bibliothèques sur mesure dessinées par l’équipe, le développement de nouvelles gammes de senteurs de bibliothèque et de destinations, la vente d’objets vintage glanés dans le monde entier… Mais aussi des ouvertures de bars et restaurants à l’intérieur des boutiques telle celle, très réussie, du Swans Bar de Londres. Bientôt suivie – en fin d’année – d’un concept store identique à Paris, rue Bonaparte, dans un lieu jouxtant la boutique créée en 2006. Ce que mon interlocuteur nomme la Assouline’s Touch.

Au fait, que fait Alexandre lorsqu’il ne travaille pas? Il travaille. «Je passe un jour du week-end au bureau avec mon père.» Et en dehors? Flâner dans New York à vélo, jouer au squash avec son père. Voir ses amis. S’il devait emporter un livre Assouline sur une île déserte? Ce serait l’un des prochains, dénommé Paris by Paris, «parce que Paris est l’autre ville de mon cœur dont je n’ai pas fait le tour, une ville qui m’envoûte, à commencer par le Palais-Royal, un lieu chargé d’histoire où mes parents possèdent un appartement».

Des parents qui, selon ses mots, lui ont enseigné trois choses: le don de la curiosité, le goût de creuser et la faculté de comprendre. Alexandre trouve injuste la critique, parfois faite à la maison d’édition, lui reprochant un côté coffee table book clinquant: «Nos livres sont bien plus que des objets de décoration. En les ouvrant, on découvre un univers unique: une sélection d’images, un texte rédigé par des auteurs spécialisés et une expérience immersive, qui transcende la simple décoration. Ils sont avant tout conçus pour inspirer, éduquer et émerveiller.» Un jeune homme lui-même émerveillé par la déclinaison maison de livres autour de James Bond, son héros de jeunesse, peut-être lié à une fierté secrète: Martine, sa mère, a incarné une James Bond Girl dans Moonraker. Avant de se quitter, une dernière question: quel est le meilleur conseil qu’on lui ait donné? Il vient de son père: «Tout peut arriver. Quand on veut, on peut. Il ne faut pas se laisser abattre lorsque quelque chose ne va pas dans son sens.»

Son livre de chevet s’appelle Les Âmes errantes, signé Cécile Pin. Il raconte les aventures de trois orphelins vietnamiens qui fuient la dictature communiste sur une embarcation de fortune pour se reconstruire en Grande-Bretagne. Une histoire de trio et de réussite, encore et toujours.



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