A la Biennale de Venise, le Panama fait son entrée parmi les pavillons nationaux

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Pour sa première participation à la Biennale de Venise, le Panama occupe un espace proche de l’Arsenal, divisé en deux : d’un côté, deux salles où accrocher les œuvres aux murs, de l’autre, une sorte de petit hangar. C’est dans celui-ci qu’est déployée l’œuvre principale du pavillon, celle vers laquelle on se dirige sans réfléchir dès l’entrée : l’installation picturale, sculpturale et sonore de l’artiste multimédia Isabel De Obaldia, née en 1957.

On y entre comme dans une forêt, sombre malgré les couleurs et les trouées de soleil écarlate. Sur trois murs, De Obaldia tend de très grands pastels qui suggèrent, par l’entrelacement des verts, des bleus et des bruns, l’opacité de la jungle du Darien, qui sépare le Panama de la Colombie. Cette jungle, réputée infranchissable, des migrants s’y risquent de plus en plus nombreux malgré les dangers.

L’artiste, qui s’y est rendue, parle de leurs traces le long des pistes, des objets abandonnés et de tout ce qu’endurent ces hommes et ces femmes venus d’Amérique du Sud, mais parfois aussi d’Afrique ou d’Asie pour essayer d’atteindre les Etats-Unis. Pour matérialiser leur présence et leur douleur, De Obaldia suspend dans le vide des corps de verre colorés de différentes nuances, du pourpre au bleu et au blanc, acéphales pour la plupart. Leurs peaux semblent encore prises dans les griffes de la végétation ou crevées de blessures.

Fantômes sans visage

Ces fantômes sans visage sont entre la vie et la mort, mais plus proches de celle-ci. On entend par moments des voix chuchoter et aussi les bruits de la forêt, où se répètent jour après jour ces drames dont on ne parle guère en Europe. Parmi les œuvres qui ont les tragédies des migrations pour sujet, celle-ci est, par l’immédiateté de son langage plastique, l’une des plus puissamment évocatrices de la Biennale.

Dans l’autre partie du pavillon, on remarque surtout les collages de Giana De Dier, née en 1980, qui compose des silhouettes vues de dos en accumulant des fragments de textes et d’images qu’elle découpe et superpose jusqu’à obtenir un corps. Leur désordre n’est qu’apparent. En y regardant mieux, on s’aperçoit que ce sont des bribes de récits personnels ou collectifs que l’artiste rassemble : principalement des figures et des récits de femmes noires des Caraïbes, portraits déchirés, littéralement.

« Everything that is noble and true 1 » (2024), de Giana De Dier.

« Traces : sur le corps et sur la terre ». Pavillon du Panama, Biennale de Venise. Jusqu’au 24 novembre.

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