À Draguignan, une exposition sur la chapelle décorée par les amis de Marguerite Maeght

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REPORTAGE – Le musée des Beaux-Arts de Draguignan accueille cet été une exposition dédiée à une chapelle restaurée par des artistes, amis de Marguerite et Aimé Maeght. L’occasion de rentrer dans l’intimité et les passions du couple.

Envoyé spécial aux Arcs-sur-Argens (Var)

Une sainte protectrice, des amis artistes et un monde d’art pour l’éternité… C’est à 4 kilomètres du village médiéval des Arcs-sur-Argens (Var), dans une chapelle du XIIIe siècle aujourd’hui incluse dans un domaine viticole, que les valeurs et les passions du couple Maeght se lisent peut-être au plus intime. Ces soutiens de quelques-uns des plus grands plasticiens de l’après-guerre peuvent reposer en paix à Saint-Paul-de-Vence. Ils s’en sont donné ici ses moyens.

Inconsolable après la mort de leur deuxième fils, Bernard, emporté par une leucémie à l’âge de 11 ans en 1953, Marguerite, en bonne chrétienne provençale, avait notamment cherché réconfort auprès de sainte Roseline, une sœur chartreuse du Moyen Âge canonisée au XIXe. En 1962, après avoir cru mourir durant un voyage aux États-Unis, elle s’était encore recommandée à cette religieuse, à laquelle on attribue de nombreux miracles régénérants – notamment celui de faire tomber la pluie, si l’on en croit le pèlerinage local annuel toujours en vigueur.

Six ans plus tard son vœu était exaucé: naissait Jules, premier et unique petit-fils. Alors, à la manière de ce qu’il était coutume de se faire sous l’Ancien Régime chez les nobles, Marguerite s’engagea à financer intégralement la restauration de la chapelle dédiée. Et, pour son décor intérieur, elle fit appel aux amis. Lesquels acceptèrent de collaborer librement, trop heureux de pouvoir rendre la pareille par leurs créations à leurs marchands si dévoués.

Piété populaire

Diego Giacometti a conçu deux bas-reliefs, des pièces uniques dans sa production. Dans un style curieusement néoégyptien le premier figure le miracle des roses (la fleur métaphorisant le don nécessaire aux pauvres). Également, pour une niche reliquaire, il a modelé une paire de ventaux à poignées florales. Autrement, on admire sur place, devant l’autel, pareillement coulé dans le bronze, un imposant lutrin à motifs végétaux. Il renvoie à la couronne d’épines des christs peints tout autour.

Les vitraux, eux, sont abstraits. Ceux de Bazaine filtrent le jour d’un bleu accordé aux fonds lapis-lazuli des scènes peintes. Ceux d’Ubac, dans le chœur, teintent l’air du rouge de la Passion. Quelques années après leur installation, Chagall est venu parachever l’ensemble en couvrant le mur droit de la plus vaste de ses mosaïques intérieures. On y découvre, dans une même atmosphère pastel bleu-rose, une société d’anges pique-niqueurs, réminiscence des repas joyeux pris en plein air à Saint-Paul-de-Vence.

Pas d’avant-gardisme tapageur donc de part et d’autre de ces travées. L’esthétique nouvelle du tournant des années 1970 s’harmonise ici idéalement avec les expressions traditionnelles de la . Au contact des ajouts récents le caractère sacré du retable central, daté du début du XVIIe, et aussi celui de la dépouille de Roseline exposée en permanence dans sa châsse vitrée semblent même renforcés.

Les Maeght avaient intitulé leur revue d’art Derrière le miroir. Et, de fait, dans cette chapelle, entre fidèles du cru et touristes internationaux, on s’y croit bel est bien. Douze kilomètres plus au nord, à Draguignan, le Musée des beaux-arts propose pour sa première exposition importante depuis sa réouverture, en novembre dernier, des esquisses, documents et témoignages relatifs à cette modernisation artistique bien comprise d’un lieu cultuel ancien. Venu de Washington un portrait de sainte Roseline par Nicolas Mignard (1606-1668) côtoie celui de Marguerite Maeght par Alberto Giacometti (prêt de la Fondation).

Jusqu’au 22 septembre au Musée des beaux-arts, 9, rue de la République, Draguignan (83). Catalogue Le Passage, 108 p., 15 €. Tél.: 04 98 10 26 85. mba-draguignan.fr

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