« J’ai commencé la voile quand j’avais trois ou quatre ans car mes parents avaient un voilier ». Juul est tombé dans l’eau avant de savoir lire et depuis, il n’a jamais quitté le bateau, ni ses études : aujourd’hui étudiant à Bordeaux Sciences agro, il nous raconte comme on peut concilier les deux.
LE PARISIEN. Tu as progressivement appris à naviguer, tu as commencé sérieusement la voile à quel âge ?
JUUL. À six ans, mes parents m’ont inscrit à un cours d’optimiste et j’ai commencé à faire des cours classiques jusqu’à mes dix ans. Nous habitions alors en Belgique et je faisais de la voile aux Pays-Bas car ce sport y est beaucoup plus développé. Ensuite, nous avons déménagé à Arcachon, je suis monté sur un bateau un peu plus grand. Il y a quatre ans, j’ai évolué en équipage. Depuis je suis en pratique haut niveau.
Depuis cette année, tu es inscrit à Bordeaux Sciences Agro pour devenir ingénieur agronome. Mais tu pratiques la compétition aussi ?
Oui ! Dans trois ans j’espère être diplômé mais tout au long de l’année je participe également à des compétitions nationales et je m’entraîne. La voile est un sport avec beaucoup de logistique, je navigue sur des bateaux qu’on ne met pas à l’eau en dix minutes, donc les entraînements ont lieu le samedi et le dimanche, et la semaine je fais de la préparation physique.
La plupart du temps j’ai une semaine de cours comme les autres étudiants. D’autant plus qu’on est à une heure d’Arcachon où je pratique, donc ce serait compliqué de naviguer la semaine.
Tu arrives à participer à la vie de l’école, notamment pour les week-ends ? Ça ne te coupe pas trop des autres étudiants ?
Pendant la semaine, je participe à la vie étudiante normalement à l’école, je ne peux en revanche pas participer à certains évènements qui ont lieu le week-end. Mais même la préparation physique peut se faire au sein de l’école : elle propose de l’athlétisme, je vais courir deux fois par semaine. On n’a d’ailleurs pas de cours de sport à proprement parler, mais chaque sport est encadré par un étudiant qui nous coache et on doit participer à une séance de sport par semaine pour avoir une note de sport.
Et au niveau des cours ?
Il y a des cours classiques et en dehors de ça, ce sont des travaux de groupe et des projets, donc j’arrive à bien m’organiser pour pouvoir combiner les deux. J’organise mon travail pour faire en sorte que ça ne me prenne pas tout mon temps libre. Aussi, une section voile a été créée cette année, et j’ai passé mon monitorat de voile en 2020. Tous les jeudis, quand les conditions le permettent, on fait une sortie voile, j’encadre et transmets ma passion aux autres étudiants.
Quand tu as des compétitions, comment tu fais ?
Certaines peuvent durer une semaine ou plus, mais l’école a mis en place des aménagements pour que je puisse partir pendant ces périodes-là. Ces absences justifiées me permettent de manquer des cours. Certaines années, il y a plus de compétitions que d’autres années. J’ai deux objectifs : le Championnat de France espoir en août à La Rochelle et le Tour voile, un tour de France à la voile qui dure trois semaines. On cherche encore à compléter notre budget car la voile est un sport qui coûte plus cher que la course à pied. Il faut avoir le matériel, un bateau et que ce soit à très très haut niveau comme à mon niveau. Chercher des sponsors fait partie du sport !
Tu aimerais pouvoir te diriger vers quel métier à l’issue de ton école d’ingénieur ?
Pour l’instant, j’explore un peu toutes les possibilités. Quand j’ai eu mon bac, je ne savais pas trop quoi faire, et je suis arrivé en licence de bio car la SVT m’intéressait mais je n’en savais pas plus. Je pensais faire quelque chose en ligne avec la mer, car j’imaginais faire de la biologie marine. Mais j’ai découvert l’agronomie et ça m’a intéressé. En école d’ingénieur, la formation dure trois ans.
La première année est assez globale pour découvrir le milieu agricole et pouvoir se faire une idée, choisir sa spécialisation. Je me dirige plutôt vers la foresterie, la production de bois et l’aménagement forestier.
Tu imagines devoir choisir un jour entre sport de haut niveau et études ?
Je pense que je continuerai toute ma vie à faire de la voile, mais un jour je devrais choisir entre les deux. Mes études passeront toujours en premier !
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