Julie Richoz: le réveil créatif de l’Atelier Pomone

Partager


La jeune designeuse, au style pur et net dont la rigueur n’est jamais séparée du confort, du bien-être et d’une touche d’humour, insuffle son esprit à la renaissance de l’atelier d’art du Bon Marché Rive Gauche.

Une nouvelle vie commence pour l’Atelier Pomone, au Bon Marché Rive Gauche. Dans la continuité de son principe fondateur – offrir aux clients «tout ce qui constitue ou embellit le cadre de la vie quotidienne» -, la designeuse Julie Richoz est chargée de répondre à la question: qu’est-ce qu’une table en 2024? Sans nostalgie, sa démarche témoigne d’une modernité présente dans l’ADN de l’Atelier Pomone. De dialogue en dialogue avec des manufactures d’art françaises, la réponse est apparue: des lignes modernes et sobres révélant la beauté de la matière et la main de l’artisan.

» Découvrez l’intégralité de F, Art de vivre

En 1923, le directeur de cet atelier de mobilier et d’objets, le décorateur Paul Follot, souhaite rendre le beau accessible et moderne, par opposition aux objets «de style» (Louis-XVI, Empire, Directoire…) qui prévalaient jusqu’alors. Cette rupture esthétique fera de Pomone un pionnier de la diffusion de l’Art déco dans les foyers français. En 1928, René Prou succède à Paul Follot, suivi par Albert Guénot, de 1932 à 1955, avec un accent encore plus appuyé sur la modernité.

Après le départ de Guénot, l’Atelier Pomone s’éteint peu à peu, mais il semble clair qu’aujourd’hui son âme bouge encore. «Rouvrir l’atelier, un peu comme si les clés avaient été retrouvées, […] en faisant appel à de jeunes créateurs.» Tel est l’objectif du Bon Marché en 2024. Symbole d’une continuité naturelle, le soliflore créé par Julie Richoz est exécuté par la Manufacture des émaux de Longwy, qui œuvrait déjà pour Pomone dans les années 1930.

«Ce qui fait pour moi le charme d’une table, confie la jeune designeuse, c’est qu’elle se construit au fil du temps, de coup de cœur en coup de cœur. Elle peut être hétéroclite, chargée de porcelaine fine, d’objets chinés et d’autres plus modernes, et faire cohabiter divers caractères sans perdre son harmonie stylistique. Les articles sont différents, mais ils s’accordent bien entre eux, et il est important que chacun ait sa propre histoire. Aussi, au Bon Marché, l’acheteur a un œil spécial: il désire des produits utiles qui sont là pour durer. J’ai recherché un style classique et décalé, sans perdre de vue le fonctionnel.»

Coquetiers façonnés par Florence Girod, experte de la terre marbrée, l’une des signatures de l’Atelier Pomone.
sdp

Julie Richoz insiste sur l’aspect organique et vivant de chaque objet, évitant la géométrie pure. Les manches des couteaux 9.47 de l’Atelier Perceval sont revêtus d’une résine colorée à l’aspect ondoyant, écaillé ou marbré. On retrouve cette marbrure dans la masse des coquetiers en terres naturelles mêlées de la céramiste Florence Girod. Les deux parties de la planche à découper (Atelier Brut) s’imbriquent tel un jeu de Tetris, ce qui permet d’y délimiter des zones pour servir divers ingrédients. Une touche d’humour ne nuit pas, comme l’illustre le service à thé Bernardaud décoré de foulards repliés par-dessus le bord de chaque tasse – foulards qui apparaissent aussi sur les motifs de bandana des serviettes de table.

Des couverts à la carafe en passant par les verres à vin, onze maisons d’artisanat ont participé à l’élaboration de cette gamme de table. À travers elle, s’exprime le meilleur du savoir-faire français, qu’il émane de manufactures traditionnelles (faïencerie de Gien, porcelaines de Limoges, verrerie de Biot, émaux de Longwy) ou de jeunes créateurs. Le tout définit une table qui se projette vers demain sans rupture avec le passé.

Autre facette du talent de la créatrice: sa collection Bibolina pour Alki, présentée à la Design Week de Milan cette année.
sdp

Nom /Julie Richoz

Lieu /Née en 1990, à Yverdon-les-Bains (Suisse), Julie a grandi principalement à La Rochelle. Elle vit et travaille à Paris.

Etud e s /En 2012, elle sort diplômée de l’Ecal, la prestigieuse école d’art et de design de Lausanne. Elle passe ensuite deux ans en tant qu’assistante de projet au côté du designer français Pierre Charpin.

Débuts /En 2015, elle installe son studio de création à Paris afin de développer son propre langage esthétique par la création d’objets.

Style /Julie Richoz refuse de dissocier design industriel et design artisanal: ce qu’elle admire, c’est le savoir-faire, la passion de créer, la beauté des matériaux. L’accessibilité est pour elle une qualité primordiale.

Distinctions /Grand Prix du jury Design Parade (Hyères, 2013) ; Swiss Design Awards (2015 et 2019) ; finaliste du Hublot Design Prize (2016) ; Rising Talent Award (Maison § Objet, Paris, 2020) ; Grand Prix de la création de la Ville de Paris (2023).

Collaborations /Entre autres: Cité de la céramique de Sèvres, Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), Villa Noailles centre d’art, Tectona, Louis Vuitton, La Manufacture Cogolin, Kvadrat, Nespresso, Alessi… Depuis 2017, Julie Richoz enseigne le design industriel à l’Ecal.



#Julie #Richoz #réveil #créatif #lAtelier #Pomone

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut