Viens chez moi, j’habite « durable » !

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire « Fil Good », sélection de nouvelles réconfortantes, envoyée tous les lundis à 18 heures. Vous pouvez vous y inscrire gratuitement ici.

Et si ma maison était en carton ? Les usages de ce matériau se diversifient, avec des start-up proposant des meubles, des vélos et même, donc, des bâtiments. Une volonté de bâtir des objets durables avec des contenants jadis considérés comme des déchets. Matériau écologique par excellence, le papier carton est biodégradable, recyclable jusqu’à vingt-cinq fois, et atteint en France un taux de récupération de 82 %, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Depuis qu’il a créé sa société de « maisons en carton », MBC 56, en novembre 2022, dans le Morbihan, Nicolas Le Dirach reçoit des demandes de toute la France. Quand c’est possible, il fait visiter à ses clients son modèle d’exposition : la maison qu’il a construite pour sa famille, faite d’une ossature en bois et isolée avec du carton. Ce type de construction permet, selon lui, de « limiter la consommation d’énergie, avec une maison dont tous les composants sont recyclables ».

Ce qui est important, c’est aussi la taille et l’impact sur le foncier disponible. Partout en France, des édiles s’intéressent aux maisons de taille restreinte, dites « réversibles », car sans fondations en béton – elles laissent peu de traces au sol une fois déplacées ou démontées. Tiny houses roulantes, yourtes, minimaisons de bois sur pilotis… Cent quatre-vingt-huit communes ont déjà sollicité l’association Hameaux légers, qui, de la Bretagne, diffuse son modèle sur tout le territoire. Ces habitats permettent de se loger à moindre coût, tout en créant un mode de vie participatif. Le maire du village de Potelle (Nord) se réjouit d’attirer ainsi un nouveau profil d’habitants : « Huit familles motrices pour la vie de notre village, qui, sinon, est plutôt un village-dortoir. Elles ont des idées plein la tête, elles veulent densifier les plantations sur la parcelle, parlent de maraîchage, de petite épicerie solidaire… Cela n’a pas de prix ! » De la vie là où elle manque, des logements abordables là où elle déborde, le tout sans artificialisation des sols…

Table en mycélium

Les professionnels ont compris qu’il fallait penser durable. L’architecte d’intérieur belge Lionel Jadot, adepte du recyclage et du travail en communauté, a été élu designer de l’année par le salon parisien Maison & Objet. Il pratique le design de manière atypique, à partir de matériaux de récupération et dans le cadre d’une communauté artistique. Mobilier en asphalte démonté des rues avant que le revêtement ne soit broyé, pilastres en terre crue, canapé en toile de parachute, table en mycélium (des filaments de champignon)… Lionel Jadot ose tout. La fibre du recyclage lui est venue, enfant, dans la fabrique de ses parents, sixième génération de chaisiers à Bruxelles.

Les designers cofondateurs du studio 5.5 et pionnier de l’upcycling, Claire Renard et Jean-Sébastien Blanc, poursuivent eux aussi leur démarche de design circulaire. Pour le Festival du Monde, qui s’est tenu les 20, 21 et 22 septembre, ils ont proposé aux visiteurs la collection « Le Monde à la une », quatre-vingts lampes, comme quatre-vingts bougies à souffler. Chaque luminaire, unique, est numéroté de 1944 à 2023, comme les années des unes historiques qui les recouvrent. À l’instar de la scénographie du parvis du Monde pendant la durée du Festival, que le duo de designers conçoit chaque année depuis trois ans, les lampes ont été fabriquées à la main, à partir des déchets récupérés à l’imprimerie du journal, à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

Si ce qui précède vous a donné des envies de déménagement mais qu’il n’y a pas de maisons en carton près de chez vous, sachez que, après des années difficiles pour le marché de l’immobilier français, marquées par la hausse des taux d’intérêt et la baisse des prix, les premiers signes d’une reprise commencent à se faire sentir en plusieurs points du territoire. La baisse des taux d’intérêt et celle des prix des logements s’ajoutent au dynamisme commercial retrouvé du secteur bancaire. Mais cette tendance reste incertaine et les contrastes sont forts, même au sein d’une même région.