Musée de l'Armée: trois trésors à découvrir

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Dans son nouvel espace de visite, le Musée de l’Armée propose trois trésors à ne pas manquer.

Un plan-relief exceptionnel

Bien qu’il date des années 1680-1690, à la fin de l’âge d’or des plans-reliefs, ce n’est pas un outil militaire, mais davantage un objet de prestige. D’ailleurs, il a été agrandi à partir de son centre en 1815, puis en 1838, où tout a été porté, jusqu’aux îlots d’immeubles est et ouest bordant l’esplanade… Et il a été intégralement restauré en 2023. À partir d’un écran tactile, on éclaire à loisir ses points d’intérêt particuliers. 

Dôme doré avec son lanternon, 101 m de haut, un des points les plus élevés de la capitale jusqu’à l’érection de la tour Eiffel en 1900, porche nord avec ses statues de Mars et de Minerve et, couronnant le tout, le haut-relief d’un Louis XIV à cheval, courette où Parmentier faisait pousser ses pommes de terre expérimentales dérivées de celles du Nouveau Monde… 

Cette unique maquette d’un édifice du XVIIe siècle qui nous soit parvenue, avec celle de la façade de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, à Paris (visible in situ), le figure dans son état de la monarchie de Juillet peu avant le retour des cendres et la construction du tombeau de Napoléon. Elle est faite de bois, de papier, de soie pour la végétation. Ainsi que d’un mica qui donne l’illusion des plans d’eau. Elle a beaucoup voyagé depuis sa création. 

Installée au XVIIIe siècle dans la Grande Galerie du Louvre, elle est arrivée dans les combles de l’Hôtel des Invalides en 1777 avant de rejoindre l’ancienne bibliothèque en 1824 (actuel Grand Salon), puis la galerie des plans-reliefs en 1896 (combles de l’aile d’Orient). En 2006, la voilà présentée devant le baldaquin du dôme, sous une cloche en plexiglas. Mais c’est galerie Vauban qu’elle rayonne le mieux. Car la voici en grand chambellan ou en saint Pierre de la galerie Vauban, introduisant à l’ensemble du site. 

Sous tous ses angles

Interdit de toucher, bien sûr (de toute manière, une vitrine la protège complètement). Toutefois il est possible de manipuler sur l’écran son avatar en 3D. C’est ainsi que le chef-d’œuvre peut s’apprécier sous tous ses angles. 
C’est à Anne Courcelle et Christine Trescartes, spécialisées en sculpture, dans leur atelier du 11e arrondissement de Paris, qu’on doit le dépoussiérage, les nouvelles dorures et autres réparations. Patiemment, du 23 janvier au 7 mars 2023, à plat ventre sur un pont roulant construit au-dessus des 7,75 m2 de la pièce, elles ont fait disparaître les traces d’usure, comblé lacunes et fissures de manière systématiquement réversible et réparé les soulèvements et déformations épars. Chapeau bas !

Le reliquaire de Napoléon Ier reconstitué

Vitrine reliquaire de Napoléon Ier, contenant l’épée qu’il portait à Austerlitz, le bicorne d’Eylau et ses insignes de la Légion d’honneur.
Lara Priolet

La mutation de l’église Saint-Louis en panthéon militaire, dans son caveau des Gouverneurs et sous sa coupole, est notamment matérialisée au centre du parcours par une vitrine reliquaire couronnée. Celle, historique, de Napoléon Ier, contenant l’épée qu’il portait à Austerlitz, le bicorne d’Eylau et ses insignes de la Légion d’honneur.

Ce meuble possède un piédestal datant de 1853. Il était originellement placé dans une chambre jouxtant le tombeau créé par Louis Tullius Joachim Visconti (1791-1853) à l’occasion du retour des cendres de Sainte-Hélène (1840). Il est d’un rouge presque identique au tombeau. « Sauf qu’il s’agit non de porphyre égyptien devenu introuvable, mais d’un quartzite venu de Carélie (aujourd’hui en Russie, à la frontière avec la Finlande NDLR) », détaille la conservatrice Sylvie Le Ray-Burimi.

En 1866, l’architecte Alphonse-Nicolas Crépinet (1826-1892) ajoute au-dessus du piédestal une vitrine censée protéger les objets de l’humidité. C’est en effet le saint des saints, donné longtemps à voir aux personnalités, telle la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande Victoria, nièce de Napoléon Ier et bientôt surnommée la « grand-mère de l’Europe », ou encore l’empereur de Russie Nicolas II.

Faux coussin

À l’intérieur, à travers ses vitres remplacées conformément aux normes de sécurité actuelles, on remarque outre les objets, le faux coussin au-dessus duquel ils paraissent voleter. Il est doté d’une serrure. C’est un coffre dans le coffre. Il renfermait les documents identificateurs.

Précisons que le meuble reliquaire ne peut plus revenir à son emplacement originel sous le dôme : en 1969, André Malraux y a fait inhumer la dépouille du fils de l’Empereur. Le 15 décembre 1940, Hitler avait fait transférer de la crypte des Capucins à Vienne aux Invalides les restes de l’Aiglon, roi de Rome, emporté à Vienne par la tuberculose à l’âge de 21 ans sous l’identité autrichienne de duc de Reichstadt, vers le Dôme des Invalides.

Autres reliques du premier Empire exposées à proximité, ces pointes d’étendards ennemis, trophées retrouvés dans la Seine ; les 1600 drapeaux auxquels ils appartenaient ayant en effet tous été brûlés en 1814, avant que Paris ne tombe aux mains des coalisés russes, prussiens et autrichiens.

La redécouverte d’Édouard Detaille, peintre de charges de cavalerie

Charge du 2e régiment de hussards (lieutenant brandissant un emblème pris à l’ennemi, vers 1806-1809), d’Édouard Detaille.
musée de l’Armée/RMN-Gp

En 1889, l’Exposition universelle de Paris présente un «palais de la guerre », consacré à l’histoire de l’armée française. Son succès aboutit, en 1905, à la création de l’actuel musée de l’Armée, notamment grâce à la société d’études la Sabretache, association d’officiers, de collectionneurs et d’artistes, parmi lesquels se distingue le peintre Édouard Detaille (1848-1912).

Detaille fut même un temps le président de ce groupe. Néoclassique formé dans l’atelier d’Ernest Meissonier, celui-ci s’est spécialisé dans la reconstitution de batailles, notamment les charges de cavalerie. Il exalte ainsi les figures patriotiques, anonymes comme fameuses. Il a légué à cette institution son important fonds d’atelier, lequel fera l’objet d’une exposition prochainement. Elle devrait ressusciter temporairement la « salle Detaille » installée en ces murs en avril 1916 et qui était entièrement consacrée aux œuvres de l’artiste.

Au plus proche de l’action

Ici, avec cette fougueuse Charge du 2e régiment de hussards (lieutenant brandissant un emblème pris à l’ennemi) vers 1806-1809 ; œuvre réalisée vers 1902, il se souvient que son grand-père était intendant de la Grande Armée, et que sa grand-tante avait épousé l’amiral Villeneuve.

À travers cette charge (probablement commandée par le colonel François-Joseph Gérard qui permit de repousser 1500 Prussiens sortis de Glatz en Pologne), Detaille signifie également son souci d’être au plus proche du réel et de l’action. Dans ce sens il n’oublie pas au pendant édifiant et épique, le tragique des guerres. Notamment lorsqu’il s’agit de celle franco-prussienne de 1870-1871 puisqu’il l’a connue comme engagé au 8e bataillon d’infanterie mobile.



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