Alaïa, Tommy Hilfiger, Khaite : du Guggenheim aux bords de l'Hudson, New York à la mode

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Il y a de tout à la Grosse Pomme, de la création pointue à la française d’Alaïa au vestiaire «casual» qu’affectionne l’Américain Tommy Hilfiger.

Incroyable mais vrai, jamais un défilé n’avait été organisé au prestigieux Guggenheim de New York. Pourtant, la rotonde signée Frank Lloyd Wright, cinématographique à souhait (Woody Allen, qui l’a filmée dans Manhattan, ne dira pas le contraire), a tout du lieu parfait pour mettre en scène une collection. Vendredi soir dernier, devant un parterre de stars (Rihanna, Naomi Campbell, Liv Tyler, Lewis Hamilton…), Pieter Mulier, le directeur artistique d’Alaïa est donc le premier à s’être approprié la mythique structure. Un rapprochement entre la maison française et New York qui n’a rien d’un hasard : Azzedine Alaïa y a présenté une collection en 1982 chez Bergdorf Goodman, et a surtout connu la consécration avec son défilé de 1985 au mythique Palladium, le night-club décoré par Andrée Putman, devant près de 1500 personnes et tout ce que la ville comptait alors de beautiful people, Andy Warhol en tête. De là débuta la légende d’Alaïa… 

Quatre décennies plus tard, l’Anversois – un des designers les plus influents du moment – préfère l’exclusivité d’un public de 200 invités triés sur le volet dont des proches de feu Azzedine telles Stephanie Seymour, Naomi Campbell et Linda Evangelista. Dans cette Fashion Week de New York connue pour ne pas être la plus pointue, cette parenthèse française fait du bien. D’autant que Pieter Mulier connaît très bien l’histoire de la mode américaine, pour s’y être frotté de près de 2016 à 2018 en tant que bras droit de Raf Simons chez Calvin Klein. Il rend ainsi des hommages subtils à Halston, le couturier du Studio 54, à Clare McCardell, la créatrice de l’après-guerre qu’on considère comme l’inventeur du sportswear ou encore au glamour hollywoodien. Sarouel à taille péplum, brassière et robe en biais, fourreau plissé à découpes presque indécentes, robe en circonvolutions matelassées, shearling rose bubble-gum… De quoi (enfin) exciter la mode de la Grosse Pomme. 

Collection printemps-été 2025 d’Alaïa
Alaïa

Quelques heures plus tard, rendez-vous sur les rives de l’Hudson pour monter à bord de l’ancien Staten Island Ferry. Tout ce beau monde est-il là pour une croisière? Pas du tout : les badauds, comme dans toutes les villes et aux abords de tous les défilés, sont venus pour apercevoir des stars. Et chez Tommy Hilfiger, ils sont servis : Jisoo de Blackpink, Quavo du groupe de rap Migos, une flopée d’influenceuses… Tous sont là pour voir (et applaudir) cette collection d’inspiration nautique d’Hilfiger. « J’ai toujours été un passionné de cet univers, et j’aime mixer ces éléments avec d’autres plus preppy, explique le fondateur. C’est un vestiaire américain ‘casual’, inspiré par le sport, mais que je veux rendre élégant, moderne.» Dans ce dressing se côtoient grandes chemises à rayures, pulls de cricket (parfois découpés au-dessus du nombril), polos, marinières, vestes de voile, et pantalons capri… Tout est portable, fonctionnel, ancré dans le réel et dans ce que veut le consommateur. Particulièrement réussis, les manteaux, chemises et autres blazers froissés, simples mais pas banals. Bref, un vestiaire, un vrai, où l’on peut piocher quelques pièces à mélanger avec le reste de sa garde-robe, voire à s’approprier en total look, à l’instar de ce blouson boutonné qui se marie avec un chino ample à souhait et un pull marin. En clôture, trois légendes de Staten Island, Raekwon, Method Man et Ghostface Killah du Wu-Tang Clan reprennent leurs tubes à bord. Le public n’en perd pas une miette.

Collection printemps-été 2025 de Tommy Hilfiger
Tommy Hilfiger

Quelques heures plus tôt, rendez-vous à Wall Street pour le défilé de Willy Chavarria. Sa marque n’a même pas dix ans mais cet Américain d’origine mexicaine n’a rien d’un jeune créateur : il a 57 ans. Et on peut le dire, il a su construire autour de ses collections un véritable culte. D’abord aux États-Unis, où la mode manque cruellement de figures de proue. Mais aussi à Paris où ses pièces sont vendues chez Dover Street Market. Chavarria joue avec les classiques américains, se les approprie : vous trouverez ici une version luxe du pantalon Dickies, du bomber, de la veste de travail, du chino, de la chemise de banquier… Bref, l’uniforme du working man américain, blue ou white collar, revisité mais toujours portable et désirable. Bouquet final, une collection signée avec Adidas et, pour clôturer le show, l’homme le plus rapide du monde, Noah Lyles, en mini-short de running très vintage.

Vous n’avez jamais entendu parler de Khaite? C’est pourtant la marque new-yorkaise tendance minimaliste et quiet luxury que les initiées (comprendre, les rédactrices de mode et les stylistes) s’arrachent. Cate Holstein, la fondatrice, a été couronnée l’an passé «créatrice de prêt-à-porter féminin de l’année» par le CFDA (la fédération de la mode américaine). Ses cardigans en cachemire, aperçus notamment sur le dos de l’actrice Katie Holmes, séduisent une génération de femmes en quête de création élégante, facile, de qualité… Cette collection de l’été prochain ne devrait pas les dépayser, avec son lot de blazers croisés parfaits, de cabans dont dépassent des jupes longues en pompons, de pantalons en organza façon rayures tennis d’un chic fou, de perfectos aux proportions transformées… Moins convaincantes, les pièces plus expérimentales, comme ces vestes découpées aléatoirement et ces manteaux chamallow vaguement Comme des Garçons. Ceci dit, Holstein a raison de prendre des risques pour ne pas s’enfermer dans cette niche minimaliste. La prochaine fois peut-être.

Collection printemps-été 2025 de Khaite.
Khaite

Des risques, Ib Kamara en prend chez Off-White. D’abord, en délocalisant les défilés de la maison lancée par Virgil Abloh (disparu en 2021) de Paris à New York. Un choix qui fait sens : sa clientèle est bien là. Ensuite, en tentant de bousculer un peu l’ADN difficile à saisir de la marque, qui tenait beaucoup au fondateur. Il se passe des choses, beaucoup de choses, entre les combinaisons qui évoquent les tenues de tennis vintage (Aryna Sabalenka, tout juste vainqueur de l’US Open, est au premier rang) et les ensembles de denim délavés qu’on croirait échappés d’un podium Diesel du tournant des années 2000, les pantalons zippés en bas, les robes ultra-échancrées, les hoodies brillants… On peine à voir où il veut en venir, et c’est dommage.



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