Le phénomène est rare pour des poissons de fond de mer plutôt discrets. Des centaines de congres adultes, sortes de grandes anguilles de mer, se sont échouées, de manière très éparse, le week-end dernier sur le littoral finistérien, particulièrement dans le pays de Concarneau, mais aussi dans le pays bigouden.
Après plusieurs jours d’enquête, les scientifiques de la station marine de Concarneau ont fait le tri entre plusieurs théories. « La toute première date d’échouage est le 19 août, explique Dr Samuel Iglesias, ichtyologue, maître de conférences au Muséum d’histoire naturelle. Ces échouages se sont prolongés vendredi, samedi et dimanche. »
Une mort par asphyxie consécutive à une efflorescence (un bloom) de microalgues
Les chercheurs de la station et ceux de l’Ifremer ont joint leurs expertises pour comprendre ce phénomène. « Nous avons rejeté la première hypothèse, le rejet par la pêche, poursuit Samuel Iglesias. Puis, la seconde, une mortalité naturelle post-reproduction, ensuite celle de l’épizootie — une épidémie qui n’aurait touché que cette espèce sur ce secteur. »
Ne restaient plus que deux options. « Une intoxication par une toxine produite par une microalgue d’abord. Mais d’autres espèces de poissons auraient été touchées. » Dernière hypothèse, désormais la plus probable : la mort par asphyxie consécutive à une efflorescence (un bloom) de microalgues.
« Nous avons eu des pluies importantes il y a une dizaine de jours, qui ont apporté des éléments nutritifs en mer. Une fois ceux-ci dissous, les ensoleillements ont favorisé des blooms. Le phytoplancton produisant de l’oxygène, si les couches d’eau en surface ne sont pas mélangées et la lumière filtrée, celui-ci ne peut plus en produire suffisamment pour les espèces vivant dans les fonds rocheux… comme les congres. » D’où l’asphyxie. Pour Samuel Iglesias, « il s’agit d’un phénomène amplifié potentiellement par des actions directes comme l’agriculture et indirectes comme le réchauffement climatique ».
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