A Toulouse, l’histoire se réinvente en direct

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Les historiens s’égaillent dans la cité. Et embarquent dans leur sillage les festivaliers. Certains d’entre eux sillonnent les rues de Toulouse marquée par la Saint-Barthélémy, en compagnie de l’historien Jérémie Foa, auteur de Tous ceux qui tombent (La Découverte, 2021), attaché à montrer que cette tuerie de huguenots fut « un massacre par le bas », de voisinage et de proximité. Une quarantaine d’autres ont suivi Rachel Renault, maîtresse de conférences à l’université du Mans, sur les traces des émeutes antifiscales de l’été 1841, place Saint-Etienne, rue Lafayette ou rue Saint-Aubin. Les plus nombreux se sont retrouvés dans les différentes antennes de la librairie Ombres blanches, véritable institution toulousaine, afin d’écouter la fine fleur des sciences humaines. Les plus informés sont allés à la pizzeria Belfort, surprenant lieu de culture savante et populaire, se demander à quel point les Toulousains souffraient ou non d’un sentiment d’insécurité sous l’Ancien Régime, avec l’archiviste Géraud de Lavedan et l’historien moderniste Nicolas Marqué.

Mais tous les intervenants et participants de L’Histoire à venir, festival qui se tient chaque année lors de la deuxième quinzaine du mois de mai, convergent aux bords de la Garonne en fin d’après-midi. C’est en effet au-dessus du fleuve occitan que le festival a installé son campement. Le Théâtre Garonne, c’est le lieu des agapes et des spectacles, mais plus encore celui des conférences scénographiées, des interventions inventives et participatives. A l’image d’une mémorable soirée, le 27 mai 2023, consacrée aux découpages chronologiques et aux périodisations historiques, ponctuée par une fausse manifestation d’antiquisants brandissant des banderoles : « Nous ne sommes pas des antiquités ! »

Le médiéviste Jacques Le Goff (1924-2014) a eu raison de poser cette question dans le titre de l’un de ses derniers ouvrages : Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ? (Seuil, 2014). Il faut dire que le célèbre historien ne croyait pas que la Renaissance fût une période pertinente et faisait durer le Moyen Age jusqu’aux abords de la Révolution française.

Bisbilles chronologiques

Le préhistorien François Bon, professeur d’archéologie préhistorique à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, et la médiéviste Claire Judde de Larivière répondent à la question de Le Goff avec autant de sérieux que d’autodérision. Le premier estime que la préhistoire a commencé il y a 3 millions d’années, le jour où un homme, une femme ou un enfant a taillé une pierre. L’histoire, elle, a commencé trois mille deux cents ans avant notre ère, avec l’invention de l’écriture, assène-t-il en surjouant avec humour l’aplomb du sachant. La seconde assure que le Moyen Age a débuté précisément le 4 septembre 476, le jour où le Germain Odoacre déposa l’empereur Romulus Augustule. Et que la période moderne commence très exactement dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, lorsque Christophe Colomb « découvre » l’Amérique. Une époque qui se clôt le 14 juillet 1789, comme tous les écoliers de France l’ont appris, avant d’étudier la période contemporaine et de faire parfois quelques incartades liées à l’actualité dans l’histoire du temps présent, également appelée « histoire immédiate ».

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