Il devait être l’artisan de la victoire du Rassemblement national. Gilles Pennelle vient d’annoncer ce mardi sa démission du poste de directeur général du Rassemblement national. La raison officielle ? L’impossibilité de concilier son nouveau mandat de député européen et son rôle de directeur, comme l’a affirmé le député RN Thomas Ménagé sur le plateau de BFMTV.
Proche de Jordan Bardella, le conseiller breton avait été élu n°2 du Rassemblement national fin novembre 2022, juste après l’élection de son président. Gilles Pennel était le principal artisan du « Plan Matignon » du parti d’extrême droite, censé prévoir toute la logistique en cas d’élections législatives anticipées et ne nécessitant que « d’appuyer sur un bouton » pour être activé. Il était notamment chargé de caster les candidats pour des « circonscriptions ultra-gagnables », quitte à les parachuter au profit de profils locaux qui connaissent leur terrain et les militants.
Un « casting » de candidats mis à mal pendant la campagne, plusieurs candidats étant épinglés pour des propos discriminatoires ou bien se révélant des candidats fantômes. Sans compter la troisième place aux législatives douloureuse pour le RN et Jordan Bardella qui reconnaît des « erreurs » dans la campagne menée.
Le « monsieur RN » de la Bretagne
Gilles Pennelle, c’est aussi le « monsieur RN » de la Bretagne. Celui qui se targue d’une « victoire historique » en Bretagne aux élections européennes au micro de France Bleu Armorique, a été élu eurodéputé en juin dernier. En effet, la victoire du Rassemblement national dans la région a été historique : le parti est arrivé en tête avec sept points d’avance sur la liste socialiste. Et même si la Bretagne ne compte finalement aucun député RN élu, toutes les circonscriptions à l’exception d’une seule ont compté un candidat RN au second tour des législatives. Par le passé, il était parvenu à faire entrer le RN au Conseil régional de Bretagne en 2015.
Mais c’est en Normandie qu’il fait ses premières armes en politique, avec le Rassemblement national. Né à Dieppe en Seine-Maritime, ce professeur d’histoire-géographie a commencé comme conseiller municipal à Rouen (1989-2001), avant de devenir conseiller régional de Haute-Normandie (1992-2004). Il participera même aux campagnes présidentielles du parti en 1988 et 1995, avant de le quitter en 2001. Il y revient en 2011, lorsque Marine Le Pen tente d’incarner un nouveau visage du Front national.
Un passé proche des groupuscules identitaires et racialistes
En quarante ans de politique, Gilles Pennelle n’a pas été uniquement au service du Rassemblement national. S’il se défend de tout compagnonnage avec des éléments radicaux par le passé, il aurait pourtant été proche de Pierre Vial, le chef de file de Terre et peuple, un courant néopaïen ethniciste et radical, comme nous l’écrivions en 2022. S’il le dément, reste que Gilles Pennelle a participé avec lui à la rédaction en 2002 d’un ouvrage collectif, « Balades au cœur de l’Europe païenne » (Les éditions de la forêt) et a écrit l’année suivante un article dans la revue Terre et Peuple (« Magnifique Seigneur des anneaux »).
Sa collaboration avec Pierre Vial ne s’arrête pas là. Il participe à « la Maison de l’identité », une réunion des déçus du Front national de Jean-Marie Le Pen au cours de laquelle il appelle les militants présents à se porter « candidats à la mairie dans les petits villages (et) à rejoindre les associations locales de défense d’un monument ou d’un quartier (pour défendre) les idées identitaires » d’après les propos recueillis par Le Monde à l’époque.
Il aurait aussi été membre du Parti des forces nouvelles (PFN), un groupuscule d’extrême-droite. Roland Hélie membre du PFN y confirme sa présence dans les colonnes du Monde : « Je me souviens très bien de Gilles Pennelle, c’était un militant de la section de Rouen, je l’y ai vu à plusieurs reprises. »
Si Gilles Pennelle a quitté ses fonctions au sein du Rassemblement national, il reste cependant toujours eurodéputé, et se consacrera désormais à ce rôle, à Bruxelles.
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