L’épopée de l’épée, de l’art de la guerre au triomphe de l’escrime

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Dans l’histoire de la guerre, l’épée occupe une place à part. Elle « constitue un jalon extrêmement fort dans la course aux armements », souligne Anne Lehoërff, titulaire de la chaire Archéologie et patrimoine à Cergy Paris Université et spécialiste d’archéométallurgie : l’épée est le premier objet spécifiquement conçu pour tuer des humains. Les autres armes anciennes avaient toutes une fonction polyvalente : la lance et l’arc pour chasser, le couteau et la hache pour couper. Au fil des siècles – et des millénaires –, l’épée a glissé vers une pratique purement sportive, au point de devenir un classique des Jeux olympiques.

Quand apparaît-elle ? « On n’a pas le nom du premier atelier, ni celui de l’artisan, ni la couleur de ses yeux, s’amuse Anne Lehoërff. Pour voir un phénomène en archéologie, il faut qu’il ait suffisamment d’ampleur. » On sait que l’épée existe avec certitude entre 1700 et 1600 avant J.-C. grâce au dépôt de Nebra, dans le Land actuel de Saxe-Anhalt (centre de l’Allemagne), qui contient deux beaux spécimens. « La typologie de ces épées les classe parmi les plus anciennes, précise l’archéologue. Mais ce sont déjà des objets très aboutis. »

Le phénomène « épée » a commencé bien avant, plus à l’est, avec des premières traces en Turquie à la fin du IVe millénaire avant J.-C., et il va se répandre à l’âge du bronze. A cette époque, dans une Europe dynamique et ouverte, parcourue par les échanges commerciaux, une élite sociale, économique et politique émerge, en corrélation avec la naissance de la métallurgie. Un de ces moments où une nouvelle technologie change le cours de l’histoire et produit des objets inédits. « En Scandinavie, on voit le cheminement entre le poignard en silex et l’épée en bronze, sorte de copie allongée de ce qui existe en silex, décrit Anne Lehoërff. On travaille une forme avec un matériau nouveau. » Et pas de hasard si l’arme devient l’un des supports de l’innovation technique : c’est un objet emblématique de l’élite guerrière.

Ce processus d’amélioration technologique se poursuit à l’âge du fer, où sont produites des épées plus solides qui, par voie de conséquence, peuvent s’affiner. « Cela correspond à une autre technologie, avec un autre savoir-faire, souligne l’archéologue. Les épées en bronze sont coulées dans des moules, que l’on a retrouvés, puis martelées à froid. En revanche, pour le fer, liquide à plus de 1 500 degrés, il n’y a pas de fonte : on le bat à chaud, lorsqu’il est mou. La chaîne opératoire n’est pas la même. » D’un côté la fonderie, de l’autre la forge. Entre le IXe et le VIIIe siècle avant notre ère, l’arme en fer se taille une place dans l’armement, sans toutefois supplanter totalement sa sœur de bronze.

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