Callot Sœurs, exotisme et vieilles dentelles

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Retrouvez ici tous les épisodes de la série « Couturières oubliées ».

La robe en satin de soie champagne à col haut, avec détail de dentelle et traîne en pétales longue de 4 mètres, a fait son effet le 6 mai, à New York. A l’occasion du Met Gala, dîner de charité qu’Anna Wintour, la directrice éditoriale monde de Vogue, transforme chaque année en tapage médiatique, Isabelle Huppert est apparue, menue et souveraine, dans ce vêtement couture.

Réalisée par les ateliers de Balenciaga (dont la comédienne est l’égérie depuis 2021), la pièce est en fait la réplique d’un modèle des années 1930 griffé Callot Sœurs, maison de couture et fratrie à laquelle Marthe Callot-Bertrand, l’arrière-arrière-grand-mère de l’actrice française, appartenait. « Caillot Sors », « Callow Souuurs » : sur le tapis rouge, les commentateurs américains ont eu du mal à prononcer le nom idoine. Il s’est, après tout, évanoui depuis si longtemps… Au point que l’on oublie qu’il fut celui, recontextualise l’historien de la mode Olivier Saillard, de « l’une des maisons qui jouissaient au début du XXe siècle d’une prospérité telle qu’à Paris ses collections figuraient parmi les plus abondantes et ses ateliers parmi les plus vastes ».

L’histoire retient que c’est en 1895 que Callot Sœurs naît comme maison de couture au 24 de la rue Taitbout, dans le 9arrondissement de Paris, tenue par Marie, Marthe, Regina et Joséphine, quatre sœurs nées entre 1857 et 1866. En réalité, Joséphine, qui se donne la mort fin 1897, « n’a jamais été associée à la maison », rétablit le consultant en muséographie Maxime Laprade, l’un des rares Français, avec la costumière Camille Janbon, à avoir consacré une recherche universitaire à la maison au cours des vingt-cinq dernières années.

Isabelle Huppert dans la robe qu’elle a portée au Met Gala 2024

Surtout, cette fratrie sera dominée par l’aînée, Marie Callot, devenue Gerber après son mariage, en 1886. « Pour tout vous dire, j’en suis à me demander s’il ne serait pas plus juste de rebaptiser le chapitre consacré aux Callot par le seul nom de Marie Gerber », suggère ainsi Roger Tredre, professeur à l’école Central Saint Martins, à Londres, qui travaille sur la troisième édition de The Great Fashion Designers (Berg Publishers, non traduit), compilation de destins de couturiers.

Soie fleurie froufroutante

C’est donc Marie qui, dès 1878, reprend le magasin familial parisien jusqu’ici tenu par ses parents et dans lequel on trouve « dentelles blanches et noires, corbeille de mariage, mantilles espagnoles, ruches et plissés, crêpes-lisses ». Est-ce à son initiative que le commerce, dans lequel ses cadettes la rejoignent, s’ouvre à la couture en 1895 ? Toujours est-il qu’elle sera la seule des sœurs à faire ses gammes comme couturière, deux ans durant, au sein de l’établissement Ronitz & Cie.

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