Trois livres de poche « angelinos » conseillés par François Angelier : Ross Macdonald, Ry Cooder, Jean-François Duval

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« Argent noir » (Black Money), de Ross Macdonald, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos, Gallmeister, « Totem », 336 p., 10,50 €.

« Los Angeles Nostalgie » (Los Angeles Stories), de Ry Cooder, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Ariane Bataille, Les Belles Lettres, « Domaine étranger », 272 p., 13,90 €.

« Les 100 Mots de la Beat generation », de Jean-François Duval, « Que sais-je ? », inédit, 126 p., 10 €, numérique 7,50 €.

« Mais où sont les anges à Los Angeles ? », interrogeait, il y a quelques décennies, L’Autre Journal, mensuel « hors barrière » animé par Michel Butel. Il est sûr que les séraphins n’y foisonnent pas, pas plus que les chérubins n’y font du stop au carrefour. Quant aux archanges angelinos, ils arborent souvent l’allure et la plaque d’identité des mentons carrés de James Ellroy ou de Joseph Wambaugh. En revanche, les anges déchus peuplent les bars, les anges déçus les agences de casting.

Lew Archer, le privé récurrent et mythique de dix-huit romans et de onze nouvelles signés par le chandlérien Ross Macdonald (1915-1983), joue, lui, avec poigne et placidité, l’ange gardien d’une société californienne huppée macérant dans l’argent et confite dans la douceur de vivre. Un monde ensoleillé qui présente néanmoins des taches suspectes et dégage un fumet préoccupant. Dont acte avec Argent noir, un « Archer » de 1965 où Lew doit dépouiller de sa défroque romantique d’exilé politique le Français Francis Martel, affriolant et violent playboy qui vient de délester de sa fiancée, Ginny Fablon, le richissime Peter ­Jamieson.

Archer entame son jeu de piste, s’invitant au tennis club de Montevista, enclave pour milliardaires, aux goûters solitaires de toute une théorie de vieilles dames chics, éplorées ou rapaces, de ménagères au bord du sacrifice humain, lève maints lièvres aux allures de loups-cerviers, déterre les morts et trouble les manigances de Las Vegas. La lumière finira par se faire sur Martel et, comme toujours, elle sera crue et impitoyable. Un Macdonald dans la grande tradition, donc hautement conseillable. Déjà paru sous le titre de Mon semblable, mon frère (1981) et de Black Money (1994), il est donné là en intégralité et dans une nouvelle traduction.

Pour le monde entier, le guitariste, chanteur, compositeur et producteur angelino Ry Cooder, c’est la guitare slide et sa mélopée d’acier triste qui accompagne la déambulation de Harry Dean Stanton au début de ­Paris, Texas (de Wim Wenders, 1984). Pour d’autres, plus rares, c’est aussi l’homme de Los Angeles Nostalgie, formidable recueil de huit nouvelles, aubade mélancolique à la gloire du L. A. des années 1940-1950, de ses jazzmen légendaires, à la mémoire de ses gagne-petit, clochards urbains ou artisans : tailleur, dentiste, pilote de tram dont la ligne est supprimée.

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