David Pritchard, historien : « Quelle est la valeur d’une victoire olympique ? »

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Alors que la flamme avance vers Paris, le débat public s’embrase à nouveau autour des dépenses nationales en faveur des équipes. Mon pays, l’Australie, a dépensé la somme astronomique de 800 millions d’euros pour faire venir ses athlètes à Paris, ce qui signifie que chaque médaille d’or australienne aux Jeux olympiques de 2024 coûtera des dizaines de millions d’euros au pays. Les sportifs et managers qui s’apprêtent à y participer sont convaincus de la pertinence de ces dépenses mais pour d’autres, cette somme de 800 millions d’euros représente un gaspillage : ces fonds seraient, selon eux, mieux utilisés s’ils finançaient des médecins, des infirmières ou des professeurs d’éducation physique.

En Australie, le financement de l’équipe olympique fait l’objet d’une controverse intense entre hommes politiques, mais aussi dans les familles et dans le monde du travail. Ce débat est également devenu international car de nombreux autres pays subventionnent aujourd’hui largement leurs équipes. Il manque cependant à ce débat essentiel une analyse coût-bénéfice : les comités nationaux olympiques détaillent rarement les avantages d’une victoire.

L’histoire nous offre un moyen prometteur de faire avancer le débat : comprendre la valeur de la victoire olympique dans le passé peut en effet nous aider à déterminer ce qu’elle représente aujourd’hui. C’est, bien sûr, Pierre de Coubertin qui a fondé en 1894 le Comité international olympique. Au cours des cent trente dernières années, les Jeux olympiques et paralympiques sont devenus le plus grand événement séculier au monde. Aussi impressionnants que soient les jeux modernes, ils ne représentent cependant qu’une petite partie d’une histoire bien plus longue et plus ancienne.

Un avantage significatif pour les Etats

Les Grecs antiques ont organisé pendant mille ans des Jeux olympiques qui attiraient des sportifs venus des mille cités-Etats grecques. Les Grecs de l’Antiquité accordaient à la victoire olympique une valeur plus grande encore que celle que nous lui accordons aujourd’hui. Chaque cité-Etat offrait à ses vainqueurs des repas gratuits ainsi que des places au premier rang lors des événements sportifs locaux, et ce à vie. Ces distinctions, les plus élevées du monde grec, étaient habituellement réservées aux généraux victorieux : le fait qu’elles soient accordées aux champions olympiques montre que les Grecs étaient persuadés que ces vainqueurs apportaient un avantage significatif à leurs Etats.

Si les comités nationaux olympiques contemporains peinent à expliquer les avantages de la victoire olympique, les Grecs, eux, y excellaient : dans un discours juridique sur les Jeux de 416 avant Jésus-Christ, un fils explique ainsi pourquoi son père a inscrit sept équipes − un nombre sans précédent − à la course de chars. Il s’est rendu compte, analyse son fils, que « les cités-Etats des vainqueurs devenaient célèbres » : parce que les olympiens étaient considérés comme des représentants de leur ville natale, leurs victoires étaient remportées « au nom de leur cité-Etat, devant le monde grec tout entier ».

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