« Rêver l’Europe », un hors-série de « Zadig » pour rapprocher les Européens par la culture

Partager

La revue des revues. Comment décrire l’Europe ? La rêver, encore et toujours, dans ses contours mouvants est une option dont on ne se lasse pas. C’est ce qu’a fait Stefan Zweig en imaginant, en 1932, « un organe de presse commun aux Européens » : « une publication, journal ou revue, positive, optimiste, roborative », susceptible de convertir « la rivalité des nations en émulation coopérative ». Le Monde s’est essayé à ce rêve en créant, avec cinq autres grands quotidiens européens en 2012, le projet de collaboration Europa, en six langues. La revue Zadig et la chaîne de télévision Arte s’y attellent à leur tour, ensemble, avec un numéro spécial très riche, en français, opportunément intitulé « Rêver l’Europe ».

On rêve devant les somptueuses photos de la forêt primaire de Bialowieza, vieille de dix mille ans, en Pologne, à la frontière avec la Biélorussie. On déchiffre les rêves des Ukrainiens décrits par leur compatriote, l’écrivain Andreï Kourkov, qui raconte comment l’« american dream » de l’époque où l’Ukraine était une république soviétique s’est transformé en « european dream » après la chute du mur de Berlin.

« Réhabiliter la beauté »

L’Ukraine n’est-elle pas déjà européenne par le Dniepr, fleuve qui se jette dans la mer Noire, qui se jette elle-même dans la Méditerranée par le détroit du Bosphore ? C’est l’Italien Erri de Luca qui le souligne, en précisant que O sole mio a été composé à Odessa. On rêve en lisant la proposition de l’écrivaine Lola Lafon, pour contrer ceux qui accusent l’Europe de se fossiliser, de « réhabiliter la beauté de ce qui est vieux » – réhabiliter Le Monde d’hier, de Stefan Zweig, par exemple, ouvrage brûlant d’actualité. Pour elle, « c’est le livre européen par excellence ». Comme une confirmation de son propos, l’inquiétude sur la montée de l’extrême droite transparaît à travers ce numéro.

Robert Menasse, autre auteur autrichien européen, s’est pris à rêver d’Europe pendant ses études d’histoire, au cours d’un séminaire sur la révolution de 1848. « L’idée de départ de cette révolution, selon laquelle il pourrait exister une Europe libre et un Etat de droit européen », l’a « fasciné ». Plus tard, comme tant d’autres, il s’est découvert Européen en vivant loin de l’Europe. Enseignant au Brésil, il a compris que les Brésiliens n’avaient que faire de son identité d’Autrichien : pour eux, il était européen, simplement.

Ce regard que Zadig porte sur l’Europe est aussi celui du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, le réalisateur de Timbuktu. Il est nettement moins rêveur. « Nous avons besoin d’une Europe qui cesse de se regarder le nombril et qui reconnaisse le monde autour d’elle », dit-il. Un monde où les Chinois, quand ils s’installent en Afrique, « apprennent le wolof ou le bambara » et où les Africains qui vont en Chine parlent le chinois. Pour Sissako, « c’est cela, le mouvement du monde aujourd’hui ». A l’Europe de se réinventer pour s’y insérer.

Il vous reste 1.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

#Rêver #lEurope #horssérie #Zadig #pour #rapprocher #les #Européens #par #culture

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut