Ça va être très dur de passer après Audiard. Ce samedi, le cinéaste français de 72 ans a mis une claque magistrale à la Croisette. Avec « Emilia Perez », son dixième long métrage après « Sur mes lèvres », « De rouille et d’os », « Un Prophète », « Les Frères Sisters » ou « les Olympiades », Jacques Audiard change une fois de plus de registre.
« Emilia Perez » est une comédie musicale en espagnol, interprétée par des superstars internationales (Zoe Saldana, la Na’vi d’« Avatar », et la chanteuse et actrice Selena Gomez) et une Espagnole inconnue (Karla Sofia Gascon).
Le drame met en scène Rita, une avocate surdouée. Enlevée par un chef de cartel mexicain, la jeune femme se retrouve obligée d’organiser la transition de ce criminel. Manitas del Monte veut devenir une femme. Surtout, il veut changer de vie. « Emilia Perez » est l’histoire bouleversante d’une émancipation, d’un accomplissement et d’une rédemption.
Audiard joue avec l’image de façon virtuose
Celle d’un destin hors normes dans un contexte tragique, celui du narcotrafic et de ses massacres, qui endeuillent des dizaines de milliers de familles mexicaines. L’intrigue d’« Emilia Perez » virevolte entre Bangkok, Israël, la Suisse, Londres et le Mexique. Entre les bidonvilles et le désert, une clinique esthétique et de somptueuses villas.
Audiard joue avec l’image de façon virtuose. Il plonge ses personnages dans des lumières tour à tour ouatées, fluorescentes ou sombres. Coupe son écran en deux, puis en trois. Fait chanter et danser ses héros et des centaines de figurants.
Les mélodies sont époustouflantes, les paroles vibrantes. Nourrie de percussions et de sonorités urbaines, la musique a été composée par Camille et par son compagnon Clément Ducol. Dans ces voix et ces sons qui s’entrechoquent, on reconnaît bien la signature de la chanteuse.
On a l’impression que le film lui-même se réinvente continuellement. Que ses coutures explosent. Que le cinéaste rebat toutes ses cartes. Il y a dans « Emilia Perez » une énergie folle. Servies par cette mise en scène ardente, les trois actrices principales nous éblouissent. Jacques Audiard réalise un film dément, un chef-d’œuvre qui nous captive, nous chavire et nous surprend jusqu’au bout. Jusqu’à cette ultime chanson, reprise de Georges Brassens, en espagnol.
On voit mal, désormais, comment la Palme d’or de ce 77e Festival de Cannes pourrait échapper à celui qui a déjà remporté la récompense suprême en 2015 avec « Dheepan ».
La note de la rédaction :
« Emilia Perez »,
drame musical franco-mexicain de Jacques Audiard. Avec Zoe Saldana, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez… (2h1. En salles le 28 août.
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