Avec son numéro spécial forêts, « Mouvements » fait feu de tout bois

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Longtemps en Europe, la forêt sombre, profonde et impénétrable a pu être perçue comme un lieu menaçant, repaire des bêtes sauvages et des brigands, loin de l’ordre et de la civilisation (relire les écrits du naturaliste François Terrasson, par exemple). La perspective est aujourd’hui résolument inversée. Les forêts sont devenues des écosystèmes fragiles et menacés, dont l’importance écologique ne fait plus débat, car la biodiversité y trouve refuge. Ainsi, lorsque la revue de sciences sociales Mouvements pose la question « Forêts : quels futurs ? », les réponses sont tout sauf évidentes.

Retrouvez notre enquête « Adaptation » (2023) : La forêt française sous le feu du réchauffement

En effet, comme l’expose le forestier et écrivain Hervé Le Bouler dans l’article qui ouvre le numéro, la forêt française entre dans une période de fortes turbulences. Le réchauffement climatique promet des dépérissements massifs auxquels ce secteur sous-capitalisé (pour la partie privée) et souffrant de sous-financements (pour la partie publique) ne pourra pas faire face. Une double crise biologique et économique qui risque de produire un inévitable « ressenti de dégradation et de déclin ». Et de constater que les grands incendies de 2022 ont mis d’accord partisans de la libre évolution et défenseurs de la forêt plantée : tout a brûlé.

« Service public de la forêt »

En réponse à ce tableau sombre, le député (La France insoumise) des Bouches-du-Rhône Hendrik Davi, également directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, sur l’adaptation des forêts au changement climatique, appelle à la reconstitution d’un « véritable service public de la forêt ». Il souligne également la faiblesse de la filière bois en France. Trop souvent, l’Hexagone se retrouve à exporter du bois brut pour importer des produits transformés. Au-delà de la forêt, il faut donc soutenir les scieries et les industriels locaux. Surtout, le député chercheur invite à se méfier de tous les grands plans nationaux qui feraient fi des spécificités et des usages variés de chaque massif et boisement. La forêt, écrit-il, a besoin de gens prudents et bien formés pour conseiller les multiples propriétaires privés du pays (75 % de la superficie forestière).

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La revue a justement le bon goût d’interroger un expert de ce genre en la personne de Gaëtan du Bus, à la fois ingénieur forestier et docteur en écologie, une double compétence rare qui lui permet de dépasser l’opposition entre une approche uniquement économique et une vision purement naturaliste. Membre de Réseau pour les alternatives forestières, Gaëtan du Bus récuse l’idée selon laquelle la situation actuelle imposerait une intensification et une industrialisation plus poussées des pratiques. Au contraire, il défend une sylviculture mélangée à couvert continu (donc sans coupe rase). De La Teste-de-Buch à l’histoire coloniale des massifs africains en passant par les expériences de réensauvagement, Mouvements offre un panorama, sinon clair, en tout cas ample, du destin des forêts.

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