A la Biennale de Venise, le pavillon des Pays-Bas revient sur le passé colonial du pays

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Des pavillons nationaux, celui des Pays-Bas est l’un des plus surprenants et l’un des plus précis dans ce qu’il donne à voir. Le commissaire Hicham Khalidi et l’artiste Renzo Martens l’ont conçu avec une association installée à Lusanga (République démocratique du Congo), le Cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC). Pour comprendre, il faut remonter à 1911, quand Léopold II, roi des Belges et propriétaire du Congo, accorde à la société anglo-néerlandaise Lever Brothers des centaines de milliers d’hectares pour s’y livrer, après avoir détruit les forêts natives, à l’exploitation de l’huile de palme.

Le travail forcé fournit une main-d’œuvre dont la situation se distingue à peine de l’esclavage. Ce système a duré jusqu’à l’indépendance. Lever Brothers est devenu Unilever, un groupe industriel mondial. Désormais, le CATPC s’efforce de récupérer les terres épuisées par la culture des palmiers et d’y réintroduire une agriculture de subsistance. Premier point.

Le deuxième : en 1931, le viol d’une femme par un agent territorial belge suscite une révolte au sein du peuple des Pende. L’agent colonial Maximilien Balot, qui fournit les Lever en travailleurs, est décapité et démembré. La répression de l’armée est féroce. Afin d’enfermer l’esprit criminel de Balot après sa mort, une sculpture à son effigie est alors exécutée. Elle reste cachée jusqu’en 1972, date de sa vente à un amateur américain, qui la revend au Virginia Museum of Fine Arts, à Richmond (Etats-Unis).

Sculptures fortement expressives

Etre présent à Venise a permis au CATPC d’obtenir de ce musée de Richmond le retour temporaire de la statue de Balot à Lusanga afin que soient accomplis des rituels de réparation, dont des vidéos montrent l’importance pour les descendants de ses victimes. Et d’exposer les sculptures créées par des membres du Cercle.

Fortement expressives, les unes sont narratives : scène du viol, travaux agricoles, exécution de Balot, massacre des révoltés. D’autres symbolisent la fertilité, le retour des grands arbres, la germination, les animaux protecteurs. On les croirait de bronze, mais le choix du matériau est plus subtil. D’abord modelées en argile, les œuvres ont été converties en impressions 3D et celles-ci moulées afin de les tirer dans un mélange dense et sombre de cacao, d’huile de palme et de sucre : toujours la plantation.

« La Célébration internationale du blasphème et du sacré ». Pavillon des Pays-Bas, Biennale de Venise. Jusqu’au 24 novembre.

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