Le monde du sexe est-il devenu trop complexe ?

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LE SEXE SELON MAÏA

Savez-vous ce qu’est une « touillade », un « mode chou-fleur » ou une « Pollock » ? En toute honnêteté, moi non plus. Ces mots figurent pourtant dans l’ouvrage Les Mots du Q (Le Robert, 400 p., 19,90 euros), publié par l’étoile montante de la sexologie : Camille Aumont Carnel – autrice et créatrice du compte Instagram @jemenbatsleclito. Le vocabulaire de la nouvelle génération est-il si différent du mien ? Faut-il connaître la définition d’une « Pollock » pour être dans le coup ?

Commençons donc par nous remettre à jour : « faire une Pollock » (en hommage au peintre américain Jackson Pollock, connu pour son utilisation de la technique du « dripping », qui consiste à faire couler de la peinture sur la toile) consiste à tacher sa literie en ayant des rapports sexuels pendant les règles. Cette cruciale information étant transmise, je vous laisse finir votre chausson aux pommes.

Venons-en à la question qui me turlupine : notre frénésie de nouveaux mots est-elle excessive ? Au cours des derniers mois, il a fallu se mettre au point sur la sologamie, le syndrome de la fée Clochette, le ghosting, le chemsex, le r-bombing, l’anarchie relationnelle, le lovebombing, le breadcrumbing, le vulturing… Une accumulation assommante qui pourrait provoquer, à la longue, des effets contre-productifs puisque certains de ces mots, oubliés en trois semaines, accaparent le temps de cerveau nécessaire à l’apprentissage des mots utiles, sans qu’on sache toujours faire la différence entre le nécessaire et le superflu.

Effets de mode

Il faut aussi poser la question du caractère artificiel de certaines de ces inventions linguistiques : fallait-il vraiment s’infliger des dizaines d’articles sur le breadcrumbing, alors que les amants se « laissent mariner » depuis probablement l’invention de la marinade ? A part pour triompher au Scrabble, avait-on besoin de mémoriser l’orthographe d’odaxelagnie − sachant que la morsure érotique apparaît déjà dans le Kama-sutra, vieux de 1 500 ans ?

Face à ces effets de mode, le coupable idéal est tout trouvé : l’accélération du temps médiatique. Le sexe ne fait pas forcément vendre, mais il fait cliquer − ne serait-ce que par curiosité. Les magazines féminins et masculins, qui étaient diffusés de manière mensuelle ou hebdomadaire, ont dû mettre les bouchées doubles pour alimenter tous les jours leur rubrique sexo. Même chose pour les influenceuses sur Instagram ou sur TikTok.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Camille Aumont Carnel, 24 ans, l’influenceuse qui « s’en bat le clito »

On voit alors se multiplier les vrais sondages comme les chiffres non sourcés − le syndrome « selon une étude » −, les pseudo-conseils, les témoignages, les infos authentiques perdues entre deux confessions de stars… Et bien sûr, les nouveaux mots, produits et diffusés à un rythme industriel.

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