Julian Jackson: «Comme celui de Louis XVI, le procès de Pétain fut un procès existentiel sur la définition même de la France»

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Julian Jackson.
Fabien Clairefond

ENTRETIEN – Après une biographie de De Gaulle saluée par la critique, l’historien s’attaque à son adversaire : le maréchal Pétain. Il le fait avec l’art et la manière dont il est coutumier : une retenue, un flegme tout britannique, une passion des archives qu’il a méticuleusement épluchées.

LE FIGARO. – François Mauriac avait prophétisé qu’« un procès comme celui-là ne sera jamais clos et ne finira jamais d’être plaidé

Julian JACKSON. – En effet, pendant cinquante ans le procès a continué. Isorni, le jeune avocat flamboyant de Pétain, a plaidé toute sa vie. Mais aujourd’hui je pense que le procès est clos dans le sens où presque plus personne ne défend le maréchal Pétain. Marine Le Pen a choisi d’aller commémorer les 80 ans de l’appel du 18 Juin sur l’île de Sein, pas celui de l’anniversaire de la mort de Pétain sur l’île d’Yeu.

Pendant la délibération du verdict, le plus âgé des jurés, Georges Lévy-Alphandery, déclare qu’étant né en Alsace il est enclin à la sévérité, car Pétain n’a rien fait pour empêcher l’annexion de sa patrie natale, mais en tant que Juif il lui est reconnaissant de la protection qu’il a offerte aux Juifs. Qu’est-ce que ça dit de la perception qu’il y avait de la question de la déportation des Juifs à l’époque ?

C’est très étonnant en effet. On ne parlait…

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