29 septembre 1958 : « Tout un peuple unanime » vote pour la Ve République en soutien à de Gaulle

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Notre rendez-vous anniversaire « 80 ans du Parisien, 80 unes »

Le tout premier numéro du Parisien paraît le 22 août 1944, en pleine libération de Paris. Pour célébrer cet anniversaire, nous vous avons sélectionné 80 unes historiques ou emblématiques de leur époque. Sport, faits divers, conquête spatiale, élections présidentielles, disparition de stars… Elles racontent huit décennies d’actualité. Nous avons choisi de vous en raconter les coulisses. Une série à découvrir jusqu’à la fin de l’année.

Ce jour-là, Le Parisien libéré exulte. L’histoire a basculé. Et du bon côté, estime notre quotidien. « 80 % de oui : la France a choisi. La Constitution de la Ve République est adoptée. La participation a battu tous les records. » Personne n’imagine encore que ce nouveau régime se révélera aussi robuste. Depuis plus de 65 ans, ce texte fondateur régit nos institutions. Il a traversé sans encombre crises en tout genre (putsch des généraux, Mai 68, émeutes urbaines), et cohabitations. Il battra, le 8 août 2028, le record de longévité, détenu par la IIIe République.

« Il y a vraiment quelque chose de changé dans ce pays », loue dans son édito Paul Le Gall, alors directeur de la rédaction. Lequel voit dans ce raz de marée électoral « tout un peuple unanime, hier sceptique et blessé, aujourd’hui joyeux et confiant dans son avenir ». C’est peu le dire que le quotidien milite pour cette Constitution rédigée en deux mois par un comité de 39 membres, sous l’autorité de Michel Debré, garde des Sceaux. Elle attribue au président des pouvoirs puissants, plus seulement honorifiques.

Un vote « pour de Gaulle » qui incarne « l’ordre »

Le Parisien libéré illustre sa une avec une photographie du général de Gaulle à la mairie de Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), contrastant avec celle de René Coty, dernier président d’une IVe République. Il incarne ce régime usé par l’instabilité. Enfin, deux autres clichés apparaissent en bas de page : un bureau de vote parisien plein à craquer (un électeur fume en attendant son tour pour glisser son bulletin dans l’urne) et la « foule » à Sidi Semiane en Algérie, alors territoire français. « En Algérie, les menaces terroristes n’ont pas empêché un vote massif », écrit le journal.

« Le score du référendum est net, rappelle l’ancien maire PS de Quimper (Finistère) et historien Bernard Poignant. Les Français veulent tourner la page. Les Français ont-ils vraiment compris la subtilité de la nouvelle Constitution ? Pas sûr. Ils ont surtout voté pour de Gaulle, qui incarne, à leurs yeux, l’ordre et l’idée que le dossier algérien doit être rapidement réglé. »

Rappelé au pouvoir à la faveur de la guerre d’Algérie, l’homme providentiel est alors vu comme un soutien au maintien de l’intégrité territoriale et non à l’indépendance. L’un de ses premiers gestes après le scrutin est d’ailleurs d’écrire au chef des forces militaires en Algérie, Raoul Salan : « Il faut à présent achever la pacification complète de l’Algérie, j’ai confiance en vous pour poursuivre cette grande tâche », rapporte Le Parisien libéré. Ironie de l’histoire : le même Salan sera condamné à mort en 1961 par contumace pour sa participation au putsch des généraux…

Climat de violence en Algérie

Dans les pages du journal, le résultat est disséqué par zones géographiques : métropole, départements et territoires d’outre-mer, Algérie, Sahara, Français du Cameroun, du Togo, des Nouvelles-Hébrides, des îles Wallis-et-Futuna et Guinée (pays qui décide de se détacher de la « communauté » avec la France). Dans les colonies, les bulletins « oui » sont de couleur jaune et les « non » en violet. Au Sahara, « des urnes ont été installées au point de passage des caravanes » pour les nomades.

En Algérie, le scrutin a été étalé sur trois jours, et se déroule dans un climat violent : « 84 fellagas sont tués » dans le Constantinois, et plusieurs voitures ont été mitraillées « par un groupe de rebelles », peut-on lire. La campagne aura été rude également en métropole : « Des colleurs d’affiches pro-oui ont été attaqués à coups de bouteilles d’essence à Toulouse (Haute-Garonne) », rapporte le journal.

Après la victoire du oui, vient l’heure de la tournée triomphale pour le général de Gaulle. Le 4 octobre, la Constitution est solennellement scellée place Vendôme (Ier) à Paris, puis l’homme du 18 Juin se rend en Corse, à Marseille (Bouches-du-Rhône) « où une marée humaine l’attend ».

Il fait également une halte à Lyon (Rhône), où 300 000 personnes l’acclament. « Une haie d’honneur de 7 km se forme, tout au long du parcours jusqu’à la place Bellecourt », rapporte notre reporter dans l’édition du 6 octobre. « La Ve République est née hier », s’enthousiasme notre journal. Une nouvelle ère commence.



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