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29 février 1956 : face aux trois semaines de congés payés adoptées, le service minimum du Parisien Libéré

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Notre rendez-vous anniversaire « 80 ans du Parisien, 80 unes »

Le tout premier numéro du Parisien paraît le 22 août 1944, en pleine libération de Paris. Pour célébrer cet anniversaire, nous vous avons sélectionné 80 « unes » historiques ou emblématiques de leur époque. Sport, faits divers, conquête spatiale, élections présidentielles, disparitions de stars… Elles racontent huit décennies d’actualité. Nous avons choisi de vous en raconter les coulisses. Une série à découvrir jusqu’à la fin de l’année.

C’est un petit appel de une glissé en bas de page sur la droite, sous plusieurs histoires de faits divers et deux encarts publicitaires. Ce 29 janvier 1956, Le Parisien libéré (qui se séparera en 1985 de sa référence « libéré » issue de l’après-guerre) annonce sobrement l’adoption du « projet gouvernemental portant à trois semaines la durée des congés payés ».

Il faut tourner 16 pages du journal pour y trouver le récit, très peu nourri, du vote « massif » (de 499 voix contre zéro, une précision qui n’est pas apportée) en faveur de cette avancée sociale. Le journaliste focalise sa plume sur les péripéties politiques d’« un hémicycle particulièrement bien garni » secoué par un quadruple vote de confiance au gouvernement de Guy Mollet qui inscrit alors ses pas dans ceux de Léon Blum.

Les faits divers, notre marque de fabrique

Pour les travailleurs, il s’agit pourtant de la deuxième pierre apportée à l’édifice d’une société qui s’ouvre à la détente et aux loisirs. Avec la loi du 20 juin 1936, les deux semaines de congés payés avaient permis, dès le premier été, à 600 000 ouvriers de découvrir les vacances. Vingt ans plus tard, le socialiste Guy Mollet vient d’ajouter une troisième semaine, au total 18 jours ouvrables accordés « aux travailleurs, une détente annuelle dont ils ont besoin », selon ses mots.

Le 27 mars 1956, la loi est promulguée. Une nouvelle que Le Parisien libéré, très peu sensible aux questions sociales, n’a pas jugé bon de relayer. Sa « marque » sur l’échiquier de la presse régionale de l’époque, c’est le traitement des faits divers, comme l’observe Guy Vadepied, auteur du livre « Émilien Amaury : la Véritable Histoire d’un patron de presse du XXe siècle » (paru en 2009 au Cherche-Midi).

 

Sans surprise, le 2 mai 1968, le journal consacrera un très court papier en page 10 — sans appel de une — à la généralisation de la quatrième semaine de congés. Une proposition de loi déposée par le député Benoît Macquet de l’UD-V (droite gaulliste) et une autre du groupe communiste, adoptées là encore « à l’unanimité des 481 suffrages exprimés » note le journal. Cette mesure « intéresse environ 2 300 000 travailleurs », lit-on dans ce petit article non signé, focalisé sur la cuisine parlementaire plutôt que sur la description de cette avancée sociale.

Sans fioritures ni précisions

Autre date historique inscrite au fronton des avancées des droits des travailleurs, la cinquième semaine de congés payés arrive le 14 janvier 1982. Un an auparavant, le 10 mai 1981, avec la victoire de François Mitterrand, la France vient de passer à gauche. Un basculement jusque-là inédit dans la Ve République. Ce nouvel acquis social est porté par le gouvernement socialiste de Pierre Bérégovoy, en même temps que la semaine de 39 heures. Le Parisien libéré y consacre un appel en haut de la une : « 5e semaine pour tous ».

 

Mais en page 6, c’est en deux lignes à peine que le journal écrit, sans fioritures ni aucune précision, qu’une ordonnance « instaure la cinquième semaine ». L’annonce est elliptique, noyée dans un papier très factuel — non signé — titré « les 40 heures : c’est fini ». Il balaye dans un style télégraphique la fameuse ordonnance, avec principalement le passage à 39 heures, mais aussi les contrats de solidarité et l’enseignement technique.

Ce que n’a pas raconté Le Parisien libéré ni fait vivre dans ses pages, c’est la longue marche des congés payés. Les avancées de 1936, suites de la victoire du Front populaire (une coalition politique de gauche) avec à sa tête Léon Blum, ont d’abord été poussées par un large mouvement de grève dans les usines en mai et juin 1936. Près de deux millions de travailleurs débrayèrent, paralysant le pays. Pourtant élu sur un programme modéré, le gouvernement Blum, nouvellement formé, décide alors d’importantes réformes sociales, comme la création de deux semaines de congés payés.

Une page quotidienne dédiée au chômage à partir de 1993

Un bout de l’histoire des conflits sociaux éclaire les différentes étapes de cette revendication. Après la guerre de 1939-1945, au moment de la reconstruction du pays, certains secteurs professionnels jouent les aiguillons et font pression sur les gouvernements. En 1955, des grèves et des émeutes éclatent dans des usines de métallurgie et du bâtiment à Nantes (Loire-Atlantique) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), pour réclamer des avantages sociaux.

Les syndicats de Renault rentrent dans le mouvement. Craignant que le conflit ne s’embrase, la Régie signe alors un accord instaurant une troisième semaine de congés payés. Quelques mois plus tard, le gouvernement de Guy Mollet décide de l’étendre (en 1956) pour tous les salariés de France. Renault sera à nouveau à la pointe en 1962, en instaurant la quatrième semaine. Le gouvernement suivra… six ans plus tard. Dans un grand sondage réalisé à l’aube de l’an 2000, les Français estimaient que l’obtention des congés payés avait été le fait de société du XXe siècle.

Pour coller aux évolutions profondes des Français, c’est à la fin des années 1980 que Le Parisien entame un gros toilettage éditorial et se défait de sa référence « libéré » héritée de la sortie de la Seconde Guerre mondiale (pour se démarquer du journal collaborateur Le Petit Parisien). Le 25 janvier 1986, il lance une nouvelle formule et une nouvelle maquette. Sans renoncer aux faits divers, ligne de force historique du quotidien d’Île-de-France, il ouvre petit à petit ses pages au traitement de l’actualité « sociale ».

En 1993, il crée même la surprise dans le monde de la presse, en publiant, au moment où le taux de chômage atteint pour la première fois les 10 % de la population active, une page quotidienne dédiée à ce fléau social : avec des portraits, des bonnes initiatives, des reportages, des gros plans sur les entreprises vertueuses et le monde de l’insertion économique… Une initiative éditoriale dont s’inspirera quelques années plus tard le journal Libération.

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