El Gouna 2023 – Master class du réalisateur Marwan Hamed

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El Gouna 2023 – Plongée dans l’univers cinématographique du réalisateur égyptien Marwan Hamed : retour sur sa carrière et ses anecdotes.

La 6ème édition du Festival du Film d’El Gouna (GFF), qui se déroule du 14 au 21 décembre 2023, a été marquée par une cérémonie d’ouverture exceptionnelle, récompensant le réalisateur égyptien Marwan Hamed d’un prestigieux Prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. En suivant cette reconnaissance, une master class captivante a été organisée, offrant aux cinéphiles une occasion unique d’explorer l’univers du cinéaste et de plonger dans les coulisses de sa carrière prolifique.

Qui est Marwan Hamed ?

Marwan Hamed, figure éminente du cinéma égyptien, a émergé comme l’un des réalisateurs les plus talentueux et respectés de sa génération. Diplômé de l’Institut Supérieur du Cinéma en 1999, il a débuté son parcours avec le court métrage captivant Lilly (2001) adapté d’une nouvelle de Yusuf Idris. Ce film a remporté des récompenses prestigieuses, annonçant le talent exceptionnel de Hamed.

En 2006, il a réalisé son premier long métrage, L’Immeuble Yacoubian, une adaptation du best-seller d’Alaa Al Aswany. Ce film au succès international, a conquis le public et la critique, marquant le début d’une filmographie diversifiée qui explore différents genres, du drame psychologique à l’action et au mystère.

Marwan Hamed a continué à marquer l’industrie cinématographique avec des succès tels que L’Éléphant Bleu (2014), Ibrahim Labyad (2009), El-Asleyeen (2017), et son triomphe le plus récent, Kira Wa Al-Gin (2022), une adaptation du roman 1919 d’Ahmed Mourad. Kira Wa Al-Gin a été le film le plus rentable du cinéma égyptien.

Un voyage immersif dans l’art cinématographique

La master class avec Marwan Hamed, organisée le lendemain de la cérémonie d’ouverture du Festival du Film d’El Gouna, a offert un regard profond et intime sur la carrière du réalisateur égyptien. Animée avec brio par Alaa Karkouti de la société Mad Solution, cette session a été bien plus qu’une simple discussion ; elle a été une plongée immersive dans l’univers créatif de Marwan Hamed.

Un public prestigieux et des invités éminents

L’amphithéâtre a accueilli un public varié, composé de cinéastes, de scénaristes, d’acteurs renommés, et de passionnés du cinéma. Parmi les invités éminents figuraient les réalisateurs Yousry Nasrallah, Hany Khalifa, Kheidr Mohamed Kheidr et Sherif El Bendary, les scénaristes Tamer Habib et Mariam Naoum, les acteurs Yousra, Salwa Mohamed Aly, Hana Chiha, Ahmed Dach et Mohamed Farrag, et bien d’autres personnalités du monde cinématographique.

Avez-vous ou pas fait des études de cinéma?

J’ai fait mes études à l’Institut Supérieur du Cinéma du Caire et c’est une expérience très importante et enrichissante pour moi. Cette période a été cruciale pour établir les bases de mon amour pour le cinéma et de ma compréhension profonde de l’art cinématographique. En plus, j’ai eu le chance d’y avoir fait la connaissance de grands professeurs qui m’ont énormément influencé et m’ont beaucoup appris.

Ceci dit, faire des études de cinéma n’est pas une condition pour faire des films, l’essentiel est d’être passionné et d’aimer le cinéma et de se former continuellement, parce que le cinéma évolue en permanence et il faut être toujours à jour sur tous les plans, y compris technologique. La passion permet cela. Il faut aussi avoir la curiosité de regarder énormément de films aussi en continu. De tous pays, et de genres différents, y compris ceux qu’on n’aime pas.

Je me tiens toujours au courant, en fait je fais de la formation continue, sans oublier que les gens eux-mêmes évoluent et changent. Il faut rester en permanence curieux, curieux de tout et tous. Le cinéma est en fait une quête perpétuelle.

Par ailleurs chaque expérience de tournage est un apprentissage nouveau.

El Gouna 2023

Comment choisissez-vous vos projets?

Il n’y a personne qui puisse prédire à l’avance si un film sera bon ou pas. Il faut donc essayer de le faire. Personnellement lorsque j’ai une idée, je la creuse, elle m’ensorcelle, elle me hante. Je peux rester à travailler deux ans sur une idée. Bien sûr, je ne pourrais prédire que cela sera une réussite.

Pour Ibrahim Labyad (2009), je suis resté 8 ans à essayer de faire ce film. J’étais sûr que je pourrais en faire quelque chose de bon. 8 ans, c’est long, mais j’ai tenu bon.

Une grande partie des travaux que je veux faire sont des choix non prémédités. Je ne fais pas exprès, cela vient comme ça. Mon père par exemple, le scénariste Wahid Hamed, avait eu une vie très riches d’expériences, ayant vécu une période historique très importante, de son déménagement de la campagne à la ville jusqu’à son service militaire pendant la guerre de 1967, l’indépendance de l’Égypte et les diverses évolutions de la sociétés égyptienne, et cela se ressentait dans son travail qui s’en inspirait constamment. Ce n’est pas mon cas, je n’ai pas cette expérience, donc je travaille surtout sur des questions que je me pose et qui m’intéressent. Je cherche des sujets qui ajoutent quelque chose à ma vie, suscitent ma passion, et méritent mon engagement. J’ai un désir constant de rechercher des sujets qui ouvrent des mondes inconnus, transformant ainsi chaque projet en une aventure exploratoire.

Pourquoi ce temps de préparation si long parfois ?

Lorsque j’ai eu le projet Ibrahim Labyad, le scénario était très très bien écrit et bien documenté. Le scénariste m’avait même donné un gros dossiers qui racontait ce monde et ces personnages, cela m’a intéressé. Je m’étais approfondi dans le sujet et j’avais compris ce monde… c’est au moment où je comprends profondément les personnages que je commence à pouvoir faire le film.

Pour le film Immeuble Yacoubian, j’ai eu quelques petits problèmes qui m’ont pris du temps à résoudre. Par exemple, je voulais tourner dans le vrai immeuble Yacoubian, pour coller encore plus au livre et à l’histoire, mais impossible de trouver un accord avec le propriétaire. Mon assistant m’a alors informé qu’il avait trouvé un immeuble voisin, qui correspondait encore plus parfaitement à l’histoire du film. Et c’est là que nous avons tourné. Parfois donc un problème peut donner un résultat meilleur, même s’il fait perdre du temps.

La réalisation m’accapare en permanence, elle m’habite, je peux par exemple un jour voir un décor qui me plait, penser qu’il pourrait être un très beau décor pour un film futur. Il restera dans ma mémoire dans un coin jusqu’au jour où je trouverais comment m’en servir.

Quelles sont vos références pour faire des films?

Lorsque je vais commencer un film, je commence par l’étude. Par exemple pour Turab El Mass (2018), c’était la première fois que je tournais un suspense, j’avais donc passé des mois à regarder des films d’Hitchcock et d’autres réalisateurs spécialistes du suspense et à lire sur la réalisation de films suspense. En fait, très souvent je reprends mes cours académiques étudiés à l’école pour me les remettre en mémoire.

Durant ma jeunesse, j’ai visionné à plusieurs reprises des films tels que Al Motarad (1985) de Samir Seif, ainsi que des films des années 80 et 90 qui se distinguaient par leur qualité remarquable, à l’instar du film Al Bedaya (1986) du grand réalisateur Salah Abou Seif.

J’essaye de me diversifier et de découvrir en permanence.

A la fin de mon film El-Asleyeen (2017), je me suis aperçu que je ne l’avais pas bien fini, que des détails n’étaient pas clairs… J’ai essayé par la suite de remédier à cela dans mes films suivants. En fait il faut essayer de prévoir comment le public verra le film et le comprendra… El Asleyeen m’a fait comprendre que je dois être plus clair dans ce que je dis, plus accessible, avec un langage cinématographique clair.

Comment choisissez-vous vos acteurs ?

L’acteur est très très important, il est un pilier fondamental du film. Je vais vous raconter une anecdote : l’actrice Yousra dans L’immeuble Yacoubian qui avait tellement bien préparé son rôle qu’il en est devenu important. A l’origine, Yousra devait juste jouer 5 scènes, qui n’étaient pas très importantes. D’ailleurs au début, elle n’avait même pas accepté ce petit rôle. Après avoir lu le scénario, elle avait fini par accepter. Mais elle s’était totalement investie dans le rôle et l’avait étudié profondément. Elle avait appris les manières de Mme Christine, qu’elle l’avait parfaitement incarnée. Du coup, ce personnage était devenu important dans le film grâce à cette interprétation de Yousra.

Tous les acteurs avec lesquels j’ai travaillé ont été extraordinaires, ils ont tous très bien travaillé leurs rôles et ont fait énormément d’efforts. Ils ont su être très sincères.

J’ai fait avec Hend Sabry 4 films et elle a su être à chaque fois être très différente et fournir un travail extraordinairement

Quelle est pour vous la période la plus importante dans l’élaboration d’un film ?

J’adore la période du montage. Je finis le tournage et commencent alors les questionnements: est-ce que ce film sera bien achevé ou pas? Est-ce qu’il sera clair ou pas ? Est-ce qu’il a été bien imaginé? Est-ce comme avant le tournage? Est-ce mieux? Est-ce que le découpage prévu était le bon, faut-il changer ?

On tourne pendant une longue période des scènes éparpillées et c’est pendant le montage que cela devient clair et je peux voir où je peux aller exactement.

Pour moi la meilleure période est celle du montage parce que je vois le film en train de réellement naître et de prendre forme, c’est le moment où le film émerge réellement du processus créatif.

Neïla Driss

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