Cérémonie d’Ouverture du Festival du Film d’El Gouna 2023 : Dignité, Solidarité et Sobriété

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La sixième édition tant attendue du Festival du Film d’El Gouna a enfin pris son envol dans une soirée riche en émotions, marquant non seulement un événement cinématographique majeur, mais également un acte de solidarité envers la Palestine.

Initialement prévue pour octobre dernier, la cérémonie d’ouverture a été reportée en raison de la guerre en Palestine, conférant à cette édition une signification particulière et engageante.

Un Contexte de guerre et de cinéma

Le coup d’envoi de la cérémonie a été donné par les mélodies solennelles de l’hymne national égyptien, suivi par la projection d’un court film évoquant la souffrance du peuple palestinien, marquant ainsi un hommage poignant à la réalité complexe qui imprègne cette édition du festival. La dévotion du Festival du Film d’El Gouna à cette cause spécifique a transformé la cérémonie en un acte de solidarité artistique.

Festival du Film d'El Gouna

Paroles empruntes d’Humanité

Le grand acteur égyptien Mahmoud Hemeda a ensuite pris la parole, élevant la soirée à un niveau d’émotion supplémentaire. Son discours empreint d’humanité a souligné la responsabilité des créateurs de cinéma dans l’illumination des histoires souvent négligées. Il a dépeint le cinéma comme une force capable de témoigner de la résilience de l’esprit humain à travers des récits de désespoir, une lumière dans l’obscurité. Il a ajouté qu’on l’avait prié de demander une minute de silence pour les victimes de la guerre, mais qu’il s’y refusait, parce que d’après lui, la minute de silence équivaut à un deuil, or ce n’est pas le moment de deuil, le deuil pouvant parfois être un moyen d’oublier, et il ne voulait ni oublier ni que les autres oublient.

Une Fenêtre sur la Palestine

Intishal Al Timimi et Marianne Khoury, respectivement directeur et directrice artistique du festival, ont présenté les différents membres des jurys et le programme du festival, révélant des modifications significatives en raison de la situation en Palestine. Une section spéciale, intitulée « Fenêtre sur la Palestine », a été ajoutée, mettant en avant plusieurs films palestiniens et un panel intitulé « Caméra en crise, un objectif sur la Palestine ». Ces ajouts ont transformé le festival en une plateforme de sensibilisation cruciale, donnant une voix aux cinéastes palestiniens et leur permettent de raconter leurs histoires et faire prévaloir leur narratif.

Par ailleurs, Intishal Al Timimi a remercié tous les participants et évoqué les défis auxquels le festival a été confronté au cours des six dernières années. Répondant à la question sur le report en octobre et la tenue en décembre malgré les bombardements, il a souligné la décision courageuse de maintenir l’édition cette année et a expliqué que la différence était dans l’approche, soulignant que le festival doit être véritablement culturel, artistique et solidaire.

Intishal Al Timimi a ensuite présenté le programme du festival, mettant en lumière les films arabes et étrangers de premier plan. Il a souligné que le festival ne se limite pas aux projections de films, mais comprend également une composante interactive avec des événements sur la scène d’El Gouna. Marianne Khoury a rappelé quant à elle, que le festival a acquis une renommée internationale depuis sa première édition, rivalisant avec de grands festivals. Elle a également souligné l’importance de mettre en valeur le rôle du festival dans l’industrie cinématographique et son soutien aux jeunes cinéastes, mettant l’accent sur le contenu plutôt que sur l’apparence.

Lors de la présentation des films, Intishal Al Timimi et Marianne Khoury ont démontré leur engagement profond envers chaque œuvre sélectionnée. Leur passion pour le cinéma en tant que moyen de sensibilisation et d’expression artistique a enrichi l’expérience pour le public et les cinéastes présents. Ils ont offert des analyses perspicaces et des commentaires éclairés, mettant en lumière l’importance de chaque film dans le contexte plus large du festival.

La décision audacieuse de maintenir le Festival

Samih Sawiris, co-fondateur du festival, a pris la parole, partageant les hésitations initiales quant à la décision de maintenir l’événement en temps de conflit. Il a exprimé sa fierté d’avoir pris la décision audacieuse de poursuivre le festival, soulignant l’importance de maintenir une plateforme culturelle en ces temps difficiles. Le cinéma, selon Sawiris, est une manifestation de l’humanité même en temps de guerre, et il a exprimé sa confiance dans la puissance de la culture pour transcender les conflits.

Dignité et élégance dans la solidarité

En honneur aux Palestiniens, le festival a imposé un code vestimentaire particulier pour les deux cérémonies d’ouverture et de clôture: tous les hommes en noir et les femmes devaient être élégantes et surtout sobres. A quelques rares exceptions près, cette exigence a été respectée par les invités, conférant à la soirée une atmosphère de dignité et d’élégance. Cette mesure symbolique a transformé la cérémonie en une déclaration visuelle de respect envers un peuple confronté à l’adversité. Il est à noter que quelques invités ont poussé encore plus loin la solidarité en portant soit des keffiehs, soit des habits traditionnels palestiniens pour quelques femmes.

Festival du Film d'El Gouna

La musique de la solidarité

La chanteuse chilo-palestinienne Elyanna a ajouté une dimension musicale significative à la soirée en interprétant « Branch of Olive ». Cette chanson, chargée de significations humanitaires, a captivé l’audience et a créé un lien émotionnel avec la réalité palestinienne.

Le chanteur compositeur égyptien Abu a également laissé sa marque avec une chanson écrite et chantée en anglais spécialement pour les Palestiniens. « The World Is Blind », cette chanson, dédiée aux enfants palestiniens, a touché le cœur du public, offrant un moment de réflexion sur la situation difficile dans laquelle se trouvent ces jeunes vies.

La musique a une fois de plus servi de moyen puissant pour exprimer la solidarité et l’empathie envers la cause palestinienne rappelant que l’art peut être un langage universel de compréhension et de solidarité.

Festival du Film d'El Gouna

L’hommage à l’École du cinéma et aux techniciens

La cérémonie a également réservé un moment significatif pour rendre hommage à l’école égyptienne du cinéma, créée en 1959 et ayant participé à former de très grands noms du cinéma égyptien. Un reportage sur cette prestigieuse école a été diffusé.

L’acteur égyptien Mohamed Farrag a pris le devant de la scène avec élégance, arborant un costume noir orné du drapeau palestinien, pour rendre un hommage émouvant aux clapmen et à l’essence même des moments spéciaux sur un plateau de tournage. Son discours a souligné le privilège de participer à un événement aussi exceptionnel, mettant en lumière l’importance cruciale des techniciens dans la création cinématographique.

Mohamed Farrag a particulièrement mis en avant le métier des « clapmen » et leur rôle fondamental sur un plateau de tournage. Cette profession, souvent négligée dans l’industrie cinématographique, a été honorée, soulignant l’importance vitale de chaque individu impliqué dans la création cinématographique. Les techniciens, œuvrant dans l’ombre, ont ainsi reçu une reconnaissance bien méritée, renforçant la conviction que chaque maillon de la chaîne cinématographique contribue à la magie du cinéma.

Une vidéo mettant en vedette les moments spéciaux de « clap » a ensuite été présentée, mettant en lumière l’art unique du « clap ». Sur scène, deux des meilleurs clapmen égyptiens, Khairy Farag et Mohamed Kilani, ont été chaleureusement accueillis et honorés. Ils ont exprimé leur gratitude envers le Festival du Film d’El Gouna et son public. Le duo a considéré la récompense comme un retour de bonté pour tous ceux qui, dans l’ombre, contribuent au succès de chaque prise de vue, une reconnaissance bienvenue pour l’ensemble de l’équipe derrière les caméras.

L’émotion de Samih Sawiris

Samih Sawiris, fondateur de la ville d’El Gouna et président du conseil d’administration du festival, est monté sur scène, partageant ses sentiments initiaux de crainte avant le lancement de cette 6ème édition. Après avoir été témoin des réalisations de la cérémonie d’ouverture, il a exprimé une grande joie d’avoir pris la décision audacieuse de maintenir le festival cette année malgré les circonstances difficiles. Il a souligné la nécessité de mettre en lumière la civilisation et le narratif palestiniens et la capacité des palestiniens à présenter du cinéma, contrecarrant ainsi les narrations simplistes centrées sur la violence. Samih Sawiris a remercié le public pour son soutien continu et a exprimé l’espoir d’une année meilleure malgré les défis actuels.

Festival du Film d'El Gouna

L’hommage au réalisateur Marwan Hamed

Sur scène, après avoir exprimé un message empreint de solidarité envers le peuple palestinien, l’actrice égyptienne Youssra a annoncé le prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière décerné au réalisateur Marwan Hamed. En un temps record, Hamed a inscrit son nom dans l’histoire du cinéma avec des réalisations marquantes telles que « Immeuble Yacoubian » et « Kira wel Gen, » ce dernier demeurant le film le plus rentable de l’histoire du cinéma égyptien.

La salle a été enchantée par une vidéo captivante, dévoilant des extraits soigneusement sélectionnés des chefs-d’œuvre cinématographiques de Marwan Hamed. Un moment qui a souligné son talent exceptionnel et son impact significatif sur le paysage cinématographique égyptien.

La présentation du film d’ouverture par Mariam Khoury et Amr Salama

De retour sur scène, Marianne Khoury, a salué l’ensemble de l’équipe du festival pour ses efforts inlassables. Elle a souligné l’importance cruciale de l’art cinématographique en tant que moyen de comprendre diverses cultures et réalités. Elle a ensuite introduit le réalisateur du film d’ouverture, Amr Salama, soulignant que c’était la deuxième fois qu’un de ses films faisait l’ouverture du festival. La nouveauté cette fois-ci est qu’il s’agissait d’un court métrage. Très bonne idée d’ailleurs, parce que souvent les invités, fatigués par de longues cérémonies d’ouverture, quittent sans voir le film.

Des témoignages poignants

Comme annoncé précédemment, la cérémonie a fait place à un simple cocktail, écartant la fête traditionnelle. Ce qui a permis aux invités de se retrouver, d’entamer des conversations stimulantes, et surtout, d’écouter attentivement les récits poignants des invités palestiniens, ainsi que divers témoignages sur les impacts de la guerre sur leurs vies. Ces histoires, qui touchent tous les aspects de la vie, des moments quotidiens aux relations familiales et professionnelles, ont été partagées avec une sincérité émouvante.

Neïla Driss

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